logique des faits, qu’il serait dangereux de confier à cette fraction du peuple une part d’un pouvoir dont elle ne saurait user avec intelligence ou modération. De républicain il devint conservateur, et au lieu de l’assemblée populaire représentative, dont il avait été jusqu’alors le champion, il demanda la création d’une chambre composée de six représentans de l’administration impériale, de six membres choisis par le gouvernement, et de vingt-quatre personnes désignées par les électeurs. Ce système fut établi sous l’administration de lord Stanley, lequel obtint du parlement britannique, en 1842, le vote d’un acte constituant cette chambre, qui siégea pour la première fois à Sydney en 1843. Wentworth devint de plus en plus conservateur à mesure que l’élément populaire devenait plus puissant et que l’agitation augmentait en faveur du système dont il avait été le premier avocat. Juriste distingué, lorsqu’il s’agit enfin, en 1852, de dresser le projet d’une constitution parlementaire qui devait enlever au gouvernement impérial le contrôle des destinées du pays pour les remettre aux mains des colons eux-mêmes, ses collègues lui en confièrent la rédaction. Il en profita pour esquisser une constitution moulée avec une trop grande fidélité sur les institutions britanniques, sans tenir suffisamment compte de la différence qui existait entre les conditions sociales dans la mère patrie et dans ses colonies des antipodes.
Il y faisait la part trop large à l’aristocratie coloniale, chez laquelle la fortune remplaçait généralement la puissance, aux dépens d’un prolétariat maintenant conscient de sa force, qui voulait sa part d’influence dans le gouvernement futur de la colonie. Parkes saisit cette occasion pour faire son entrée publique dans le monde politique colonial. Il prit part à tous les meetings, fut de toutes les assemblées populaires où l’on discutait le projet de constitution, et se fit bien vite connaître des électeurs, sur lesquels sa parole incisive et son éloquence un peu rugueuse firent dès l’abord une favorable impression. Il se joignit à une phalange d’intrépides démocrates guidés par des hommes éminens par leur intelligence, leur talent et la largeur de leur vues. L’un, John Dunmore Lang, ministre presbytérien écossais, représentait l’élément le plus sérieux et le plus pratique parmi les colons libres. L’autre, James Martin, avocat comme Wentworth, mais d’une origine plus obscure, né et élevé dans la colonie même, représentait la jeunesse démocratique du cru, intelligente et ambitieuse, décidée à obtenir pour ses membres le droit d’aspirer aux plus hautes fonctions publiques par l’exercice des libertés politiques les plus étendues. Le premier, Lang, était en outre le représentant du clergé dissident, qui, en Angleterre, a toujours montré des tendances politiques libérales.