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motion suivante qu’il avait déposée sur le bureau de la conférence à sa première séance : « Les délégués des colonies de l’Australasie britannique, en conférence assemblés, déclarent dans leur opinion unanime :


« Que les meilleurs intérêts et la prospérité présente et future des colonies seront favorisés et développés par leur union, sous la dépendance de la couronne britannique. En outre, tout en reconnaissant la valeur des services rendus par les membres de la convention de 1883 en créant le conseil fédéral, la présente conférence déclare que, dans l’opinion de ses membres, les changemens survenus pendant les sept années qui se sont écoulées depuis cet événement ont amené dans l’existence nationale de l’Australasie, par suite de l’accroissement de la population, l’augmentation de la richesse publique, la découverte des ressources jusqu’alors ignorées, et surtout en raison des progrès de l’éducation politique du peuple dans la pratique du gouvernement parlementaire, des développemens tels que l’union, depuis longtemps contemplée, de ces colonies sous une forme de gouvernement législatif et exécutif basé sur le principe d’une répartition équitable des responsabilités et des droits de chaque colonie participante, est devenue à la fois justifiable et opportune. »

Que l’on nous pardonne la longueur de cette phrase d’une traduction d’autant plus difficile que le langage politique officiel anglais ne prête pas à la forme légère, gagnant au contraire en solidité ce qu’il perd en élégance.

Sir Henri Parkes avait hautement proclamé, dans le cours d’une péroraison pleine de vigueur, qu’il n’avait aucune hésitation à se présenter devant les délégués, prêt à s’engager, au nom de la colonie qu’il représentait, à faire tous les sacrifices de sentimens et d’intérêts particuliers nécessaires pour arriver à une entente cordiale sur cette grande question de la fédération des colonies, qui, dans son esprit, n’avait d’autre signification que celle de la création d’une nationalité nouvelle destinée à un immense avenir non-seulement dans l’hémisphère austral, mais dans le monde civilisé. Bien que la motion de sir Henri Parkes ait été acceptée à l’unanimité des voix, un amendement assez important fut introduit ; le mot « Australie » fut substitué dans le texte au mot « Australasie » afin de laisser à la Nouvelle-Zélande et aux autres colonies insulaires éloignées dont les intérêts sont, en somme, fort peu liés à ceux des colonies continentales et de la Tasmanie, le droit de rester en dehors de cette combinaison politique ou d’y adhérer plus tard suivant les circonstances. La conférence de Melbourne se sépara après avoir adopté trois autres résolutions :