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arabe grandi, le cheval de selle plus distingué, avec des allures plus rapides, et c’est ainsi qu’on a créé le pur-sang anglais ; aujourd’hui c’est le pur-sang plus étoffé, plus robuste, régénéré par d’habiles croisemens avec des races plus communes auxquelles il donnera son élégance de formes et son énergie.


IV

Nous avons intitulé cette étude : l’Élevage des chevaux de luxe et nous avons dit qu’elle s’adresse surtout aux riches propriétaires, qui seuls peuvent donner à notre production l’élan et la direction qui lui manquent. En effet, ce n’est pas en faisant des chevaux pour l’armée que les éleveurs peuvent espérer gagner beaucoup d’argent, et l’on aura beau les y pousser, ils resteront sourds à tous les appels et ils auront raison. La prétention de la remonte d’écrémer notre population chevaline pour les prix qu’elle peut offrir serait tout à fait exorbitante. Ce que les éleveurs doivent s’efforcer de produire, c’est le cheval de luxe et l’étalon qui atteignent des prix très élevés. Mais ceux qui ne possèdent que peu de chevaux ne pourraient réussir ; alors même qu’ils auraient de temps en temps quelques animaux remarquables, ils seraient presque toujours obligés de les vendre bien au-dessous de leur valeur, faute de débouchés. Au contraire, de grands établissemens réunissant d’un seul coup les plus belles poulinières, produisant un grand nombre de chevaux de premier ordre, faisant connaître dans les concours et par la publicité leur élevage exceptionnel, verraient certainement venir à eux un grand nombre d’acheteurs de tous les pays. Or, on sait que les très bons chevaux se vendent couramment en Amérique de 50,000 à 100,000 francs, et atteignent jusqu’à 150, 200 et 250,000 francs.

Si nous prenions en France l’initiative d’une nouvelle réglementation des courses, si les chevaux ne passaient pas à l’entraînement avant l’âge de quatre ans, notre production serait bientôt supérieure à celle des autres pays. Les Américains, qui font si intelligemment de grandes dépenses pour leur élevage, mais qui commettent de grosses erreurs en ne recherchant chez leurs chevaux que la vitesse et en négligeant les courses au trot montées pour les courses attelées, s’empresseraient de recourir à nos produits pour améliorer les leurs.

L’exemple une fois donné, nos moindres cultivateurs ne manqueraient pas de le suivre, dès qu’ils en connaîtraient les résultats, surtout lorsqu’ils verraient que dans les grands domaines on