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presque ramenés à la routine des siècles barbares. Non-seulement il est d’usage aujourd’hui que les jeunes chevaux soient dressés par des hommes d’écurie dénués de tout savoir en équitation, ou même par des lads, c’est-à-dire par de jeunes garçons encore plus inhabiles, mais quelques-uns de nos maîtres modernes, s’inspirant de ces pratiques, enseignent que le rôle du dresseur, de l’écuyer, n’est pas de débourrer les poulains, que cela est l’affaire des palefreniers. Pour nous, comme pour La Guérinière, cette première partie du dressage est la plus délicate et la plus importante, et doit être confiée aux cavaliers les plus expérimentés.

Nous considérons comme très nécessaire d’avoir dans un établissement d’élevage bien organisé des manèges fermés et couverts où l’on puisse de bonne heure exercer les poulains par les mauvais temps, non pour leur faire faire un travail d’école, mais pour les rendre familiers, les promener à la main après leur avoir mis sur le dos d’abord un surfaix, puis une selle, puis, sur celle-ci, dans des poches assujetties de chaque côté, des lames de plomb, afin de les préparer, progressivement et sans danger pour leurs articulations, à supporter plus tard le poids du cavalier ; cette simple gymnastique qui est la première phase de l’entraînement évitera plus tard toutes les défenses et permettra de supprimer le travail à la longe, si préjudiciable quand il. n’est pas dirigé par des hommes habiles, dont le nombre est assez rare ; enfin, ce n’est que dans un manège fermé qu’on peut facilement triompher sans brutalité de toutes les résistances, les premières fois qu’on monte un jeune cheval.


III

La Revue des haras publiait encore dernièrement un article intitulé : « L’élève du cheval, » dans lequel l’auteur, tout en reconnaissant l’influence, — difficilement contestable, — du père et de la mère sur le sujet qu’ils produisent, dit que, d’un autre côté, « l’influence de l’alimentation est telle qu’en dépit des reproducteurs on obtient parfois de grandes améliorations chez les produits les plus imparfaits, de même que les meilleurs produits peuvent s’abâtardir par le fait même d’une mauvaise nourriture ; .. que l’avoine agit souvent bien plus puissamment sur la taille des poulains que le père et la mère qui les ont créés. » Un peu plus loin, le même écrivain ajoute : « qu’après les actions réciproques des parens et de la nourriture viennent les actions non moins puissantes du sol et du climat ; que cette influence est tellement grande chez les poulains que, transportés de bonne heure d’un pays dans un autre, ils perdent bientôt le cachet qu’ils apportent pour prendre celui