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leur commande tout d’abord de choisir des reproducteurs tels que les produits soient doués en naissant de toutes les qualités voulues ; ensuite, tout en cherchant sans cesse à accroître ces qualités, de tirer le meilleur parti possible de tous les produits selon les aptitudes de chacun, d’éviter les pertes occasionnées par les maladies et les accidens. Il faut donc soustraire les jeunes chevaux aux rigueurs très pernicieuses de la température en les rentrant dans de bonnes écuries, ce qui permet de juger chaque fois leur état général de santé, de les examiner en détail, de leur donner les soins nécessaires de pansage, une nourriture de bonne qualité, et de réussir souvent par ces moyens à rendre robustes les plus délicats.

Même s’il était prouvé que vivant constamment en plein air les animaux fussent moins sujets à se refroidir, à contracter certaines maladies, il ne serait pas moins vrai que, lorsqu’ils deviennent malades, on a bien peu de chances de s’en apercevoir à temps. De plus, les poulains élevés de la sorte, bien loin d’être endurcis, sont mous en sortant du pré, ont besoin d’un véritable acclimatement et d’une lente préparation avant d’entrer en service, sont plus sensibles à la transition d’une écurie chaude à l’air vif du dehors, aux refroidissemens après le travail. C’est à ces changemens qu’il faut les accoutumer dès leur naissance en simplifiant le plus possible toutes les mesures d’hygiène, mais en ne négligeant aucune de celles qui sont indispensables et particulièrement en séchant toujours avec le plus grand soin les animaux qui ont été mouillés par la pluie ou par la transpiration. Le pansage a toujours été considéré par tous les hippologues comme aussi nécessaire à la santé du cheval en service que la nourriture même. Nous savons par expérience que, pour les hommes, les frictions au gant de crin, faites chaque matin sur tout le corps jusqu’à ce que la peau rougisse, sont un excellent moyen d’entretenir la santé et d’éviter bien des maladies, peut-être même la contagion en temps d’épidémie, parce qu’en activant la circulation elles favorisent toutes les fonctions vitales, notamment celles des organes respiratoires, préviennent ou dissipent les congestions, combattent surtout les refroidissemens et facilitent sans doute l’absorption et l’élimination de tous les principes morbides. C’est, croyons-nous, parce que ces frictions, sous forme de pansage, sont faites tous les jours tant bien que mal aux chevaux en service, qu’ils résistent mieux que nous aux fatigues et aux intempéries et sont plus rarement malades. Nous pensons que les mêmes soins sont tout aussi nécessaires, sinon davantage, pendant les jeunes années, qu’on peut, en réglant convenablement l’exercice, l’alimentation et l’hygiène, fortifier les