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comprendront mieux les précautions qui sont nécessaires pour les élever et verront s’aplanir devant eux les obstacles qui jusqu’ici les ont effrayés.

Notre équitation française, illustrée par tant de grands maîtres et qui pourtant a bien failli sombrer devant celle des jockeys anglais, a repris enfin aux yeux de tous le premier rang qui lui a toujours appartenu. Sans être chauvin, il est bien permis de dire que c’est parmi nos officiers de cavalerie et nos sportsmen français que se trouvent les premiers cavaliers du monde, parce qu’à la hardiesse, à l’élégance, à la souplesse inhérentes à notre race, ils joignent la connaissance des principes inébranlablement fondés par notre vieille école.

Il serait donc plus facile chez nous que partout ailleurs de former, par un bon enseignement, des hommes capables de monter les jeunes chevaux de manière à développer leurs moyens, sans en abuser comme font la plupart des jockeys, surtout des jockeys de trot dont la brutalité égale la maladresse et ruine promptement les meilleurs animaux.

Le chef d’un établissement d’élevage doit exercer une surveillance continuelle sur tous les services de l’exploitation qu’il dirige et s’occuper spécialement, en outre, soit des écuries, soit du dressage ou de l’entraînement. Il faut, non-seulement qu’il connaisse le nombre exact de son personnel et de ses chevaux, — que quelques-uns ignorent, — mais encore qu’ils puissent trouver facilement et promptement chaque homme et chaque cheval, qu’il les passe fréquemment en revue ainsi que les prairies, les écuries et tout le matériel, qu’il examine la santé des poulinières, les transformations successives que subissent les poulains pendant leur croissance, leur appétit, leurs allures, l’état de leurs membres et toute leur manière d’être, autant de choses actuellement fort négligées par les éleveurs.

De vieilles légendes ont répandu la croyance que les jeunes animaux laissés libres en tout temps, exposés à toutes les variations de température, brossés par le vent, lavés par la pluie, ne trouvant même qu’à grand’peine une nourriture insuffisante, deviennent plus sobres, plus robustes, plus résistans. Il se peut que chez les animaux sauvages, nés au hasard, il se produise ainsi une sorte de sélection naturelle, les faibles ne tardant pas à succomber, les forts résistant seuls à d’aussi dures épreuves. Il est possible aussi que ceux qui y résistent n’en sortent pas complètement indemnes et que ce soit même une des causes de la disparition de bien des espèces. En tout cas, ce n’est point de cette manière que doivent être élevés les animaux domestiques. L’intérêt des propriétaires