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nationale d’épargne. Quant à la spéculation, elle ne s’est guère hasardée à vendre. On a vu se produire, au lendemain de l’explosion du restaurant Véry, un mouvement de 0 fr. 20 en baisse sur la rente. Cette réaction était effacée dans la journée même.

Le 3 pour 100 reste à 96.80, c’est-à-dire exactement au cours de compensation du 1er avril. L’emprunt s’est avancé, dans le mois, de 0 fr. 12 à 96.82, le 4 1/2 de 30 à 105.80.

Les places étrangères n’ont pas été moins bien disposées que la nôtre. A Londres, l’argent est d’une abondance telle, depuis que les grandes opérations ont cessé sur ce marché, que la Banque d’Angleterre, n’ayant plus aucun contrôle sur les opérations libres d’escompte, a dû se résoudre à abaisser son taux officiel à 2 pour 100. Les affaires ne redeviennent pas encore plus actives au Stock-Exchange ; toutefois les tendances ne sont plus aussi pessimistes, et la situation dans la République Argentine est jugée avec moins de défaveur qu’il y a quelques mois. Les fonds argentins ont déjà commencé de réagir contre la dépréciation qui les frappait depuis une année.

A Berlin, les dispositions sont excellentes ; la haute banque allemande est en coquetterie avec les finances de la Russie, et les fonds de cet empire ont été tenus avec une fermeté qui ne s’est pas un seul jour démentie. Le tsar, affirme-t-on à Berlin, rendra prochainement visite à l’empereur Guillaume ; d’autre part, l’interdiction d’exportation de quelques-unes des céréales serait prochainement levée à Saint-Pétersbourg. Ces perspectives ont provoqué des achats sur le rouble, qui atteint 211.25. L’emprunt d’Orient, dont l’intérêt est payable en papier, s’est avancé de deux points à 68.50. Le Consolidé a gagné une unité à 93.50, et le dernier emprunt 3 pour 100 de 1891, encore si mal classé, a pu reprendre le cours de 76.

L’opération financière destinée à préparer la reprise des paiemens métalliques en Autriche-Hongrie paraissait, il y a peu de jours, imminente. Les deux ministres des finances de Vienne et de Pest s’étaient, dit-on, mis d’accord avec le syndicat financier qui sera chargé de l’emprunt et toutes dispositions étaient arrêtées avec la Banque austro-hongroise. Toutefois les choses n’étaient pas encore aussi avancées que le croyait la spéculation ; il se peut que les préoccupations relatives au 1er mai et à l’agitation ouvrière aient fait considérer comme opportune une nouvelle attente ; l’opération est ajournée. Le 4 pour 100 hongrois n’en reste pas moins très ferme à 93 1/2.

La rente extérieure d’Espagne a eu un marché assez agité. Les cours ont subi de larges oscillations entre 58 et 59 1/2, suivant les mouvemens du change qui d’abord s’est tendu à 18 pour 100, puis a été ramené à 16 pour 100. A plusieurs bilans défavorables de la Banque d’Espagne a succédé un bilan satisfaisant, celui du 24 courant. En