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l’état-major de l’armée, le général Cosenz. Il n’avait pas réussi du tout ; il n’a pu convaincre ces chefs militaires qui tous, comme le général Pelloux, se sont montrés également opposés à tout ce qui pourrait diminuer l’armée, à toute réduction sérieuse de dépenses. D’un autre côté, M. di Rudini s’est adressé à des hommes d’opinions diverses, à M. Grimaldi pour les travaux publics, à un Milanais, M. Cadolini, pour les finances, à un Piémontais, M. Giolitti, qui a été déjà ministre et qui a son influence dans le parlement. Il n’a pas réussi non plus de ce côté ; de toutes parts, il a rencontré des difficultés ou des refus. Il a fini alors par se résigner à reconstituer son ministère à peu près tel qu’il était, en le modifiant du moins aussi peu que possible. Ce qu’il y a de plus significatif dans ce ministère revenu à la vie, c’est que le général Pelloux est resté à la guerre et que M. Colombo n’est plus aux finances. M. Colombo est suppléé par un habile homme, M. Luzzatti, qui est déjà ministre du trésor et qui, en réunissant les deux services, se flatte, sans doute, de mieux réussir à tout concilier. Que M. di Rudini ait fini par refaire sans plus de dommages son ministère, rien de mieux, sans doute. Il n’est cependant pas certain qu’il se retrouve maintenant devant le parlement avec la même autorité, avec la même force, d’autant plus qu’on ne le voit pas sortir de cette épreuve avec une politique nouvelle. Il s’est agité pendant quelques jours pour revenir au point où il était, sans s’être retrempé, avec un prestige peut-être diminué. En réalité, cette dernière crise italienne a pour premier résultat de dévoiler la faiblesse d’un ministère qui, avec de bonnes intentions, ne peut pas ou n’ose pas prendre résolument un parti. Vue de plus près, elle a un bien autre caractère : elle montre une fois de plus à nu le fond des choses, la vraie question qui ne cesse de s’agiter au-delà des Alpes. La vérité est que l’Italie se débat depuis quelques années dans une inextricable situation économique et financière, — accablée de charges, obérée dans son crédit, paralysée dans ses ressources, dans sa production, et entraînée, par la politique d’ostentation qu’on lui impose, à des dépenses toujours nouvelles qui dépassent ses forces. Aller jusqu’au bout, jusqu’à l’épuisement, sans compensation, ou rentrer dans la vérité, dans la vérité politique et économique, il faut choisir : c’est toute la question pour ce ministère comme pour tous les ministères, comme pour tous les Italiens qui n’en sont pas à sacrifier les intérêts traditionnels, positifs de leur pays aux mirages et aux chimères d’une fausse grandeur !

C’est depuis longtemps un fait avéré dans la politique du monde : la paix de l’Occident tient pour une bonne part à la paix de l’Orient. Tout ce qui se passe sur le Danube, dans les Balkans, en Macédoine, en Grèce ou en Égypte se lie aux affaires de l’Europe, et ce n’est jamais sans péril que quelque chose remue dans ces régions où se rencontrent toutes les influences. Ces petits États orientaux le savent bien,