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trente années de services, sans condition d’âge. Les règlemens universitaires exigent l’âge de soixante ans, ce qui suppose, en général, quarante années d’un service où les hommes s’usent vite. Autre mesure bienfaisante qui n’existe pas dans l’Université : en cas d’infirmités, une retraite proportionnelle peut être allouée après dix ans de services. A l’époque où écrivait M. Maxime Du Camp, tous ces avantages étaient inconnus ; les traitemens étaient beaucoup plus modestes. Espérons que le progrès ne s’arrêtera pas là, et que ces fonctionnaires si méritans, dont l’enseignement demande une si grande dépense de forces physiques et morales, tant de patience et de dévoûment, trouveront de plus en plus dans leurs émolumens le moyen de suffire aux difficultés croissantes de la vie et d’élever honorablement leur famille.


VIII

Le lecteur curieux de tout connaître pourra nous demander encore le prix de la pension, comment on obtient des bourses ou des portions de bourses. Pour les élèves internes, la pension est de 1,400 francs ; elle est de 800 francs pour les demi-pensionnaires qui prennent à l’institution le repas de raidi et le goûter, de 600 fr. pour ce qu’on appelle les externes surveillés, c’est-à-dire pour les élèves qui suivent toutes les classes, tous les exercices de la journée, y compris les bains et les promenades, mais qui sortent à midi pour aller déjeuner dans leur famille. D’ailleurs, ces deux dernières catégories sont très peu nombreuses ; presque tous les enfans sont pensionnaires. Il n’y a pas et il ne peut y avoir d’externes proprement dits, suivant uniquement les classes ; car toutes les heures de la journée ont leurs exercices qui concourent aux progrès de l’éducation générale : le travail isolé de la rédaction ou de l’étude de leçons à réciter a très peu de place dans la vie scolaire des sourds-muets.

Le nombre des boursiers dépasse de beaucoup celui des élèves payans. Rien de plus facile à expliquer. L’institution des sourds-muets est restée dans son esprit ce qu’elle était à son origine lorsqu’elle a été fondée par l’abbé de l’Épée, un établissement de bienfaisance. L’objet de l’œuvre, le but de tous ceux qui s’y dévouent, c’est de faire le bien, c’est de rendre à l’humanité, à la société, des êtres que leur infirmité on avait exclus. Tous les sourds-muets, les pauvres comme les riches, sont admis ; ceux qui peuvent payer versent une somme qui n’égale pas aujourd’hui les dépenses qu’on fait pour eux ; ceux qui ne peuvent payer qu’une partie de la pension obtiennent ou des bourses ou des fragmens