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sourds-muets les connaissances utiles que les enfans ordinaires acquièrent dans leurs familles et dans les écoles primaires. Nous les avons passés en revue. Il est complété par l’étude historique de l’art d’instruire les sourds-muets depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, et par des conférences régulières sur l’objet même des leçons.

A cet enseignement, donné avec une grande supériorité par le censeur de l’institution, se joignent des conférences sur l’anatomie et la physiologie des organes de la voix et de l’audition. Ces conférences, confiées à un prosecteur des hôpitaux, ont lieu, en partie, à l’institution même, et, en partie, dans un amphithéâtre d’hôpital.

N’oublions pas de dire, au grand honneur de l’Institution, que ces cours et conférences, destinés à former le personnel enseignant des institutions nationales, sont cependant largement ouverts aux personnes du dehors qui désirent s’occuper de l’éducation des sourds-muets.

L’enseignement normal des maîtres se continue, ainsi que l’enseignement pratique, jusqu’à l’obtention du grade d’agrégé. On peut dire d’ailleurs que leur apprentissage est de tous les momens ; car, outre la surveillance des dortoirs, des récréations, des travaux manuels, des mouvemens intérieurs et des promenades, ils ont aussi leur collaboration dans l’œuvre des professeurs ; leur titre de répétiteur est parfaitement justifié ; car, la classe achevée, ils en font une sorte de répétition, en exerçant individuellement tel ou tel élève en retard sur ses camarades, en s’efforçant de corriger chez celui-ci ou chez celui-là un vice de prononciation, une habitude mauvaise dans le jeu des organes vocaux.

Le maître répétiteur, devenu professeur-adjoint, peut, après deux années de ce dernier grade, être admis à l’examen d’agrégation qui confère des droits au grade de professeur titulaire. Les programmes de cet examen sont très intéressans. Le candidat doit d’abord présenter une thèse sur un sujet qu’il a choisi et qu’il a fait agréer à l’administration. Puis il subit une épreuve pratique sur l’articulation, et il est soumis à des interrogations sur l’ensemble de l’enseignement des sourds-muets et sur l’histoire de la littérature française au XVIe, au XVIIe et au XVIIIe siècle.

Le traitement des maîtres répétiteurs est de 1,000, 1,100, 1,200 francs suivant leur classe ; celui des professeurs adjoints s’élève progressivement de 1,400 francs à 3,000 francs. Les professeurs titulaires commencent avec 3,400 francs et arrivent à 5,000 francs. Sous le rapport de la retraite, ils sont mieux traités que les fonctionnaires de l’Université. Ils peuvent l’obtenir après