du christianisme et des devoirs moraux qui en dérivent : devoirs envers Dieu, envers le prochain, envers lui-même. Il y a quatre degrés dans cette initiation : l’observation de la nature, qui ouvre la voie à l’histoire, l’histoire, qui conduit au dogme, le dogme, qui a son application dans la morale.
Quant à la méthode suivie pour cet enseignement, elle est celle qui assure le succès de tous les autres : 1° récit clair et simple fait par le professeur ; 2° interrogations par dialogues pour s’assurer qu’il a été bien compris ; 3° dialogues entre les élèves sur le sujet de la leçon ; 4° enfin, résumé écrit qui en fixe les idées principales.
Il est évident qu’à ces leçons didactiques doivent se joindre les pratiques intelligentes du culte, la prière du matin et du soir, les cérémonies religieuses dont on a soin d’expliquer aux élèves l’objet et le but, en remontant à l’origine et en faisant l’histoire de chaque fête. Au témoignage de Valade-Gabel et d’autres pédagogues des sourds-muets, ces malheureux « sont plus accessibles que les autres aux idées religieuses ; » mais le meilleur moyen de les cultiver en eux, c’est celui que donne l’abbé Tarra : « Faire de l’instruction chrétienne la règle et la raison suprême de chaque branche d’enseignement. »
Nous sommes heureux de dire qu’on ne s’est pas écarté dans la grande institution de Paris de ces principes si sages, qu’on n’a pas privé ces enfans, qui, même après leurs huit années d’études, seront toujours inférieurs à leurs semblables, de cette consolation et de cette force. Un aumônier habile et dévoué leur donne l’enseignement à partir de la cinquième année d’études. Ils ont alors de quatorze à quinze ans : vu leur infirmité, ce n’est pas avant leur seizième année qu’ils peuvent être appelés à faire leur première communion. Bien entendu, le cours d’instruction religieuse continue, une fois par semaine, jusqu’à la sortie de l’institution, à moins que la famille n’ait exprimé un désir contraire.
Lors de notre dernière visite, voici les résultats qu’on nous a donnés : sur plus de deux cents élèves que recevait alors la maison, deux étaient israélites ; tous les autres étaient catholiques de naissance, et tous, sauf un seul, devaient faire ou avaient fait leur première communion. Parmi ces derniers, vingt seulement ne continuaient pas à suivre les pratiques du culte. Après tout, cette liberté est peut-être plus salutaire que nuisible ; elle donne aux jeunes gens l’habitude d’une courageuse sincérité ; elle détruit le vice odieux de l’hypocrisie, à condition toutefois que l’hypocrisie de la dévotion ne soit pas remplacée, sous la pression d’un fanatisme à rebours, contre lequel protestait M. Jules Ferry, par l’hypocrisie de l’incrédulité.