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progressive, dans lesquels l’œil commence à se fixer, l’esprit à observer, à s’appliquer, à reproduire, à comparer, à se rappeler ces mouvemens qui vont du plus au moins visible, se disposant ainsi peu à peu à percevoir et à refléter en lui-même les positions et les modifications de l’organe vocal du maître, c’est-à-dire à lire sur les lèvres et à articuler. Ces exercices de gymnastique s’étendent également aux organes internes, au moyen de l’expiration et de l’inspiration rendue de plus en plus profonde et prolongée, mais toujours naturelle. »

Ces exercices préparatoires, dont l’ensemble constitue la gymnastique scolaire progressive, sont parfaitement exposés dans un de ces tableaux[1] que nous citions tout à l’heure, et qui ont figuré à la dernière Exposition universelle. « Cette gymnastique consiste en une imitation des mouvemens du corps, des différentes attitudes et des divers jeux de la physionomie, et en une imitation des mouvemens et des positions des organes vocaux. Exécutés par le professeur et reproduits presque simultanément par l’enfant, ces mouvemens, après avoir mis en action presque toutes les parties du corps, finissent par se localiser dans les organes de la voix. »

« Au bout de quelques jours, pour intéresser le sourd-muet, lui donner le goût de la parole, faciliter ses moyens de communication et enrayer le développement du langage des signes, on l’habitue à lire sur les lèvres, sans les décomposer en leurs élémens phonétiques, quelques mots courts et faciles et présentant entre eux la plus grande différence. Cette première lecture sur les lèvres, à la fois rudimentaire et silencieuse, se nomme la lecture synthétique. L’enfant lit d’abord des substantifs désignant des objets usuels, puis des ordres, comme : assis, debout, aux rangs, viens, va-t’en ; ensuite des mots, comme : bien, mal, sage, paresseux, vite ; et enfin son nom, celui de son professeur et ceux de ses camarades. En même temps, on lui apprend à inspirer et à expirer par la bouche, par le nez, lentement, rapidement ; on recommence l’éducation du toucher et aussi de l’ouïe, pour ceux qui ont conservé une sensibilité auditive appréciable. »

Quatre tableaux annexés à celui dont nous extrayons ces lignes font comprendre, par des figures, les procédés employés pendant

  1. L’Enseignement scolaire ou intellectuel, trois grandes feuilles. — Depuis que ces pages Bout écrites, nous avons lu un intéressant travail sur les sourds-muets en général par M. Dussouchet, professeur au lycée Henri IV, examinateur pour l’admission des maîtres-répétiteurs à l’institution nationale de Paris. M. Dussouchet explique très nettement les exercices progressifs par lesquels on provoque la parole chez les enfans.