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à un âge si tendre ; il faudrait que cette petite classe fût composée de demi-pensionnaires et d’externes surveillés. Quant au maximum d’âge, il ne serait pas possible de l’étendre : à treize ou quatorze ans, les organes de la voix et de la respiration ne seraient plus assez flexibles pour se plier à l’exécution des mouvemens requis, et on trouverait encore un obstacle dans la modification que subit le larynx au moment de la puberté.

Quant aux conditions physiques de l’admission, un certificat de médecin, en constatant l’infirmité de surdi-mutisme, doit constater en même temps le bon état de santé générale de l’enfant. Il faut que les yeux soient sains, car leur rôle sera prédominant : ils doivent tenir lieu de l’ouïe. Un rachitisme complet, la gale, le goitre, sont aussi des cas de non-admission. D’ordinaire, ces affections sont accompagnées de l’idiotisme ; or, l’enseignement s’adresse à des êtres capables de le recevoir : l’aptitude intellectuelle doit donc aussi être attestée par le médecin. D’ailleurs, d’après le règlement de la maison, l’admission n’est définitive qu’après que l’aptitude de l’enfant a été reconnue à l’institution même par une commission spéciale.

Même parmi les admis, il en est, comme dans toute maison d’éducation, qui sont physiquement très inférieurs à leurs camarades, et dont les maîtres ne parviennent pas à développer les facultés. Ceux-là sont versés dans des sections spéciales ; ils reçoivent un enseignement plus à leur portée, mais toujours par la parole et la lecture sur les lèvres. Ils forment à peu près le quart de la population totale.

La limite d’âge, pour la sortie de l’institution, est vingt et un ans. Naguère encore, le programme des études comprenait sept années ; on a reconnu qu’une huitième est nécessaire, et elle entre aujourd’hui dans le programme de l’institution. Les jeunes gens qui ont achevé à dix-huit ou à dix-neuf ans leur cours d’études, peuvent obtenir une prolongation de séjour aux mêmes conditions que pendant les années normales de leur éducation ; mais la limite de vingt et un ans ne peut jamais être dépassée.

Grâce à une fondation généreuse du docteur Itard, qui fut, pendant trente-huit ans, le médecin de l’institution, et qui lui légua sa fortune, un cours de perfectionnement réunit pour trois années six élèves. Ce sont les jeunes gens qui, arrivés au terme de leurs études, ont été désignés par le corps des professeurs comme les plus dignes de cette faveur.

Le cours d’enseignement comprend deux périodes : la première, consacrée à l’instruction élémentaire, s’étend aux quatre premières années ; la seconde embrasse toutes les connaissances de