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comprenant 36 garçons et 54 filles ; enfin, celle d’Oloron (Basses-Pyrénées), réduite à 6 élèves. Cela fait un total de 164 enfans. Partout ailleurs, si la méthode ancienne a été conservée pour ceux qui ont débuté avec elle, les nouveaux-venus sont exclusivement soumis à la méthode orale pure. D’après la statistique de 1886, le total est de 3,397 enfans. Il faut joindre à ce chiffre celui de 194 élèves instruits à Paris ou hors Paris dans certaines écoles primaires[1] qui soumettent à un enseignement simultané des élèves entendans et des sourds-muets. C’est la méthode phono-mimique, ou méthode Grosselin, ainsi appelée du nom de son inventeur. Les résultats en sont très contestés. On nous assure que, depuis quatre ans, il y a eu un nouveau progrès dans la population des écoles de sourds-muets, et que le total général s’élève aujourd’hui à plus de 3,800.

D’après ces calculs, on pourrait affirmer que la presque totalité des enfans sourds-muets en âge de scolarité bénéficie de l’instruction qui leur est offerte. Mais, en réalité, comme il arrive pour les écoles ordinaires, le chiffre des inscrits dépasse légèrement celui des élèves prenant une part régulière à l’enseignement. Quoi qu’il en soit, ces résultats sont consolans et donnent beaucoup d’espoir pour l’avenir. Bientôt ceux-là seuls, parmi les sourds-muets, resteront en dehors de la société qu’une lésion du cerveau, compagne, hélas ! trop fréquente des deux autres infirmités, a presque complètement privés de l’intelligence.

Après ces renseignemens généraux, nous avons à exposer la marche de l’enseignement dans la grande institution de Paris, que nous avons visitée plus d’une fois, et à montrer par quelle sage progression, par quels miracles de patiente bonté ces enfans, qui arrivent dans un état voisin de l’animal, sortent de l’école transformés en hommes.


II

Les programmes d’admission à l’institution nationale de Paris fixent, comme minimum d’âge, neuf ans ; comme maximum, douze ans. Aujourd’hui, des juges compétens pensent que des enfans de six à sept ans seraient déjà assez capables d’application poursuivre avec fruit les exercices de provocation de la voix et l’enseignement des divers sons. L’excellent et habile directeur, M. Javal, aimerait à créer ainsi une école enfantine. Mais l’internat ne convient pas

  1. Paris, 56 garçons, 49 filles ; départemens, 52 garçons, 37 filles.