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L'INSTITUTION NATIONALE
DES
SOURDS-MUETS DE PARIS

La Revue a déjà publié, à la date du 1er avril 1873, sur l’Institution nationale des sourds-muets, une très intéressante étude de l’éloquent historien des institutions de bienfaisance, notre camarade et ami M. Maxime Du Camp. Est-il utile de revenir sur ce sujet ? Nous le croyons ; car, depuis dix-neuf ans, la méthode d’enseignement des sourds-muets a été complètement transformée, et l’articulation a décidément remplacé la mimique. D’autres progrès considérables ont été accomplis : l’institution n’est plus, comme M. Du Camp le constatait avec regret, une sorte d’hospice, un lieu de refuge destiné à recueillir des enfans infirmes ; c’est une véritable maison d’éducation intellectuelle, professionnelle, morale ; il en sort chaque année des jeunes gens rendus au rôle et à la dignité de l’homme, capables d’échanger des relations avec leurs semblables et de se faire une place utile dans cette société, dont leur double infirmité semblait les avoir à jamais exclus.

D’autres progrès ont accompagné cette merveilleuse transformation. Que d’améliorations dans le régime intérieur, dans les moyens d’instruction, dans l’hygiène ! Que de vœux exprimés par M. Du Camp et qu’il se réjouirait de voir aujourd’hui réalisés ! Il souhaitait aussi un meilleur recrutement des professeurs, une rémunération moins humble pour ces hommes dont la tâche demande tant de dévoûment, tant de patiente bonté, tant d’amour de la jeunesse.