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bien y avoir là-dessous ? Tout le monde comprenait que l’université de Cape-Town put paraître insuffisante aux Transvaaliens, puisque soi-même on la jugeait telle. Mais que serait donc celle de Pretoria ? Quels élèves aurait-elle et quels maîtres ? Les maîtres, — ah ! ici, venait le gros point d’interrogation. L’influence allemande s’était affirmée au Transvaal de tant de manières qu’on la voyait déjà envahissant un nouveau terrain. Les délégués du Volksraad iraient-ils chercher des professeurs seulement à Leyde, à Utrecht et à Groningue, — ou bien ne sauraient-ils pas où recruter plus facilement une demi-douzaine de privat-docenten, las du Brandebourg, de la Thuringe ou de la Souabe, las surtout des maigres profits de leur science, fort disposés à venir en Afrique avec de jolis appointemens et à s’y faire donner du meneer professor, en bas-allemand, pour démontrer une fois de plus que l’identité des idiomes crée une parenté d’esprit ? Voilà ce qu’on craignit. Le danger parut grave. Un foyer de culture germanique dans l’Afrique du Sud, des diplômes valables en Allemagne et réciproquement, une école préparatoire à l’université de Berlin, tout cela, pensait-on, pouvait sortir du crédit voté par le Volksraad, tôt ou tard. Il n’y avait plus à hésiter ; on résolut d’agir. M. Rhodes a réuni les fonds nécessaires pour créer l’université enseignante du Cap. Il a entretenu le public de ses projets, et l’afrikandérisme a cordialement applaudi.

Après cette réforme de l’enseignement supérieur et la rentrée du hollandais dans l’éducation, il n’est pas dit que la race déjà maîtresse du pouvoir politique n’imprimera point sa marque à une nationalité afrikandérienne.


CHARLES DE COUTOULY.