Locus régit actum : autrement dit, c’est à Bayreuth qu’il faut entendre le premier acte de Parsifal. Il faut voir le Monsalvat, comme le Parthénon, sur sa colline sainte ; là-bas seulement plane la colombe et le Graal s’empourpre du sang de Jésus. Au Conservatoire, le miracle ne s’est pas renouvelé. Les voix ont eu beau chanter : mangez, ceci est mon corps ; buvez, ceci est mon sang, la transsubstantiation ne s’est point accomplie, et nous n’avons pas retrouvé notre extase de pèlerin.
Pourquoi ? Parce que cette musique a besoin d’autre chose que d’elle-même : de pantomime et de figuration, parce que la beauté de cet art n’est pas seulement en lui, mais autour de lui. Vous qui n’avez pas été à Bayreuth, interrogez ceux qui en reviennent. Lisez notamment un volume que publiait hier un amateur éclairé, que dis-je, enflammé[1]. Vous y trouverez la part judicieusement faite aux causes extérieures et secondaires, ne fût-ce qu’au seul aspect du temple où les chevaliers du Graal célèbrent leurs mystères. « Jamais, observe l’auteur, avec un sens très délicat de la scène qu’il étudie, jamais
- ↑ Un Pèlerinage à Bayreuth, par M. E. de Saint-Auban ; A. Savine.