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la rivière Nanting jusqu’à Sunnig-Fu (100° long., 24° 40’ lat.), et, de là, on gagnerait Yunnan-Fu. Tel qu’il est actuellement conçu, c’est-à-dire de Mandalay à Kunlon-Ferry, ce tracé aurait une longueur de 260 ou 265 milles et coûterait environ 30 millions de roupies. On le prétend réalisable. C’est l’opinion d’ingénieurs comme de profanes. M. William Sheriff, chargé d’une mission par la chambre de commerce de Rangoon, a déclaré formellement, devant la Society of Arts de cette ville, qu’il n’avait rencontré aucun obstacle sérieux. Selon lui, la pente ne dépasserait pas 1/40e. Lord Lamington, qui vient de voyager en Indo-Chine, est du même avis. Cependant, les projets même officiels portent des cotes de 4,000 pieds et mentionnent comme obstacle sérieux une gorge célèbre, appelée Gokteck ou Gotkeik. La section de la chambre de commerce de Liverpool, qui examine les affaires de Chine et de l’Inde, « déclare que les difficultés d’exécution de ce chemin de fer sont énormes. » Enfin, M. Colquhoun, dans son examen comparé des tracés possibles, rapporte l’opinion de M. le docteur William, l’auteur de Through Burmah to Western China, laquelle n’est rien moins que rassurante : — « Les passes (des plateaux shans), je les tiens, dit-il, pour impraticables soit pour un chemin de fer, soit pour un tramway. En 1861, franchissant les monts où débouche la route de Theinnee, j’ai eu à passer par des sentiers situés à 5,000 pieds d’altitude au-dessus du niveau de la rivière. J’ai monté et redescendu le versant de la montagne dans ces environs par quatre routes différentes : chacune d’elles était un précipice et non-seulement impraticable à ce moment, mais, — autant qu’on peut juger sans expérience technique, — impossible à rendre praticable pour aucune espèce de railway ou de tramway, sans des dépenses qui excéderont de beaucoup tout ce que raisonnablement on peut consacrer à atteindre ce but. » — Quoi qu’il en soit, le gouvernement de l’Inde a fait étudier ce tracé, et ses ingénieurs l’ont déclaré possible. Toutefois, il ne l’a pas encore sanctionné et n’a pas autorisé l’ouverture des travaux.

Tels sont les principaux tracés qui ont attiré l’attention du gouvernement de l’Inde ou des capitalistes.

On peut affirmer que la plupart d’entre eux sont d’une réalisation encore lointaine[1].

Car il est, en vérité, bien facile de lever les plans et de tracer les parcours ; ce qui l’est infiniment moins, c’est de trouver

  1. J’ajouterai ceci : la plupart des voies ferrées qui visent la Chine passent par Ssu-Mao. Or, le jour où nous le voudrons, nous serons à Ssu-Mao avant tout le monde. Consultez la carte de Chine et d’Annam.