Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 110.djvu/826

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
FORTUNE MOBILIERE
DANS L'HISTOIRE

I.
LE POUVOIR DE L’ARGENT.

Quels sont les résultats matériels de ce qu’on nomme la civilisation, pour les différentes classes sociales : celle des propriétaires mobiliers et fonciers, celle en particulier, la plus nombreuse, des travailleurs manuels : ouvriers et paysans ? C’est pour répondre à cette question, aujourd’hui d’une actualité très vive, mais que depuis longues années déjà il s’était posée, que l’auteur de cette étude a entrepris les travaux dont il présente l’un des résultats aux lecteurs de la Revue.

Le sort du Français de 1892, qui vit du produit de ses revenus ou de son labeur, est-il le même que celui de son aïeul, en 1789, au jour de la révolution, en 1700 durant la vieillesse de Louis XIV, en 1600, sous le sceptre d’Henri IV, en 1500 à l’avènement de Louis XII ? Le même que celui de ces populations, séparées de lui par vingt-cinq ou trente cercueils d’ancêtres, qui jouirent et peinèrent comme lui, il y a cinq et six siècles, sous Charles le Sage ou sous saint Louis ? Si ce sort a changé, est-ce toujours en