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LES
JEUX SECULAIRES D'AUGUSTE

L’histoire est toujours à recommencer. Autrefois, il se formait, à propos des événemens et des hommes, une sorte d’opinion moyenne, que presque tout le monde acceptait et dont on n’osait plus guère s’écarter ; mais, de nos jours, la fureur d’investigations qui nous possède nous fait trouver sans cesse des documens nouveaux qui modifient nos jugemens. Même l’histoire ancienne, qui paraissait plus stable, plus solide, n’échappe pas tout à fait à ces variations. Il y a près de vingt ans, en m’occupant de la religion romaine, je fus amené à étudier les jeux séculaires d’Auguste[1]. Comme les contemporains, qui en furent très frappés, nous en ont souvent entretenus, il semblait qu’on pouvait en parler en toute confiance, et nous pensions en connaître à peu près tout ce qu’on en pourrait jamais savoir ; mais voici qu’un coup de pioche heureux vient de mettre au jour toute une série de renseignemens ignorés et que, si l’étude n’est pas toute à refaire, il faut au moins la compléter.

Le 20 septembre 1890, des ouvriers qui travaillaient, sur la rive gauche du Tibre, à la construction des quais et des égouts de Rome, rencontrèrent à plus de 7 mètres de profondeur une vieille muraille construite avec des matériaux empruntés à des édifices plus

  1. La religion romaine d’Auguste aux Antonins, t. Ier, p. 36 (4e édition).