Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 110.djvu/699

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L'HISTOIRE
DU
JOURNALISME EN AUTRICHE
D'APRES UNE PUBLICATION RECENTE

L’auteur de l’Histoire politique et littéraire de la presse en France, M. Eugène Hatin, demandait en 1859 qu’on frappât une médaille pour honorer la mémoire de Théophraste Renaudot, qui, avec l’aide et sous les auspices du cardinal de Richelieu, fut le fondateur du journalisme français. On se propose aujourd’hui, paraît-il, de lui ériger une statue. Les médailles ne nous suffisent plus, nous aimons à faire grand. D’ailleurs, le journalisme est devenu le quatrième pouvoir de l’État, et ce quatrième pouvoir fait souvent la loi aux trois autres.

C’était un homme remarquable que Théophraste Renaudot. Il possédait le génie des affaires, et quoiqu’on lui reprochât d’avoir le nez court et plat et même de n’en pas avoir, ce camus avait un flair prodigieux. Il connaissait son temps et son pays, s’accommodait aux désirs d’un public travaillé par des besoins jusqu’alors inconnus, dégoûté des vieilles habitudes, avide de nouveautés. Il a soutenu l’émétique contre la saignée ; il a donné à la France les bureaux d’adresse, les monts-de-piété, et renouvelant une invention de la Rome antique, il publiait le 30 mai 1631, au Grand-Coq, rue de la Calandre, près le palais, le premier numéro d’un des premiers journaux qui aient paru dans l’Europe moderne.

Sa persévérance, l’énergie de sa volonté, égalaient son ingéniosité et