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LE
COUVENT DES LOTUS

LEGENDE BOUDDHIQUE.

Il est dans la religion bouddhique une grande et noble croyance, c’est que les lois de l’âme sont supérieures à celles de la nature et que la pensée humaine peut, par sa propre force, accomplir ses rêves.

Mais une telle puissance n’est point départie à tous. Le vulgaire n’y saurait prétendre, et ses tristes désirs, plus vagues et plus fugitifs que les visions du sommeil, demeurent sans vertu : seule, la pratique fervente de la vie intérieure est capable de produire des effets surnaturels.

Peu importe, d’ailleurs, la durée du songe où s’absorbe le penseur mystique : des existences entières de saints ascètes se sont épuisées en vaines contemplations dans la solitude des forêts et le silence des monastères, alors qu’une extase unique a réalisé parfois le rêve surhumain d’une âme ardente et pieuse. C’est l’intensité du désir, c’est l’énergie de l’élan intime qui est efficace.

La vérité de cette croyance est affirmée par d’irrécusables miracles, dont peut-être voici l’un des plus surprenans.