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des Chalcidiens de Cumes, que vers la fin du VIIIe ou le commencement du VIIe siècle, et qu’il a fallu le temps de le faire passer dans l’usage.

La troisième période, celle des tombes à chambre, contemporaine des deux siècles suivans, se distingue sans difficulté par une architecture plus compliquée et beaucoup plus ornée, par l’abondance des vases grecs, corinthiens ou attiques, et par une industrie nationale, le bucchero, céramique aux formes nombreuses, imitées le plus souvent de vases métalliques importés.

Mais la période qu’il faut surtout observer est la première. La rude et nue simplicité de ses sépultures la désigne. Elle témoigne presque constamment du système de l’incinération, tandis que l’inhumation commence à être fréquente dans l’âge suivant. Elle offre peu de traces des influences étrangères. Le bronze règne presque exclusivement ; l’argent, l’or et le fer ne deviennent fréquens que dans les tombes à fosse. Elle a des poteries en bronze laminé dont les modèles, sans doute en bronze, peuvent avoir été importés. La remarque la plus grave, celle sur laquelle M. Gsell insiste et qu’il éclaire de nouvelles lumières, c’est que des ressemblances indéniables rattachent la civilisation de cette période à celle des terramares. Le rite est le même : l’incinération ; les formes de vases y sont pareilles, particulièrement celles des ossuaires ; il y a de certaines particularités caractéristiques qui sont communes dans la fabrication de ces mêmes objets d’usage familier, agrafes, épingles à cheveux, dans celle de ces produits céramiques, fidèles témoins du degré d’habileté industrielle, des exigences quotidiennes et du goût, c’est-à-dire du degré de civilisation. Par exemple, un motif spécial pour les anses de vases, celui de l’anse lunulée ou cornue, se trouve en abondance soit dans les terramares, soit dans les tombes à puits, et ne paraît guère ailleurs. Ajoutez que l’incinération est la coutume constante ici et là. Les différences de l’une à l’autre des deux très anciennes périodes s’expliquent aisément par le progrès inévitable de la technique et par quelques importations étrangères, quoique rares encore : ce serait le cas pour les objets en bronze laminé et pour les poteries copiant des modèles en bronze qui se trouvent dans les tombes à puits, et manquent dans les terramares aussi bien que le fer et les métaux précieux.

S’il est vrai que la civilisation de l’époque des tombes à puits se rattache à celle des terramares, il convient de rappeler que cette dernière, selon ce que les travaux de MM. Chierici, Helbig et Pigorini paraissent avoir désormais établi, appartient aux Italiotes, venus de l’Europe centrale en Italie par la partie orientale de la