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et Paul. M. Rod. Lanciani y a institué naguère toute une ingénieuse ordonnance.

Il est une autre sorte de musée, tout à fait nécessaire à l’étude, que Rome va posséder très prochainement. Un généreux donateur a mis le gouvernement italien en possession d’une série considérable de moulages d’après les œuvres de la sculpture grecque. Plus de trois cents caisses contenant ces plâtres, récemment arrivés d’Athènes, n’attendent que le vaste local, facile à trouver, qui pourra recevoir une si utile collection. La méthode comparative étant devenue l’organe le plus efficace pour l’historien de l’art et l’interprète des monumens figurés, il est clair que les galeries de moulages logiquement ordonnées, aussi bien que les collections photographiques, deviennent aujourd’hui plus que jamais, après tant de découvertes, des instrumens indispensables de travail.

Espérons que nous ne resterons plus longtemps, en France, privés de ce secours, que nous invoquons depuis tant d’années. M. Félix Ravaisson et M. Eugène Guillaume, avec l’autorité que leur confèrent leur sens parfait de l’art antique et leurs éminens services à l’enseignement national, n’auront pas vainement, espérons-le, dénoncé tant de fois cette lacune et entrepris même de la combler. La chaire d’esthétique au Collège de France, les chaires naissantes d’archéologie à la Sorbonne et dans nos facultés ne doivent pas continuer à manquer de ce dont ne manque aucune des universités de maint autre pays. Qu’on veuille bien songer à ce qui s’est fait à Strasbourg ; je ne suis pas le premier à relever un tel contraste. Dès 1872, M. Ad. Michaëlis commençait d’y réunir les moulages les plus indispensables. En 1874, sa collection était installée dans sept grandes salles couvrant une superficie de 1,300 mètres carrés, avec une bibliothèque archéologique et une bibliothèque de photographies. Son catalogue raisonné des 1,470 morceaux rassemblés aujourd’hui est une brochure qui coûte 50 centimes ; par ses notations abrégées et multiples, par ses divisions précises, par ses renvois au manuel classique de Friedrichs-Wolters, qui commente si savamment le musée de moulages de l’université de Berlin, ce petit volume offre toute une histoire critique de l’art gréco-romain. Voici la galerie de Bonn, accrue peu à peu par des antiquaires tels que Welcker et Otto Iahn, et maintenant une des plus riches de l’Allemagne ; celle de Munich avec le catalogue de Brunn, celle de l’Académie des beaux-arts de Vienne avec le catalogue de M. Lützow ; celle de Halle avec le petit volume de M. Conze ; celles de Marburg, formée depuis quelques années par M. Louis de Sybel ; celles de Breslau et de Würzbourg, celles de Zurich et de Bâle. — L’effort nécessaire ne nous serait pas considérable. M. Ravaisson avait réuni jadis à lui seul une petite