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plan capitolin, et, près du port de Ripetta, deux inscriptions considérables concernant la célébration des Jeux séculaires. L’une d’elles compte jusqu’à deux cents lignes ; elle est du temps d’Auguste, et mentionne formellement le Carmen seculare d’Horace, qui faisait partie du programme des fêtes. Bonne réponse à faire aux hypercritiques qui ont prétendu que les poésies d’Horace, sauf les Epitres, étaient l’œuvre de moines du XIIIe siècle. L’administration italienne avait confié à M. Mommsen le soin de commenter le premier ces textes importans, qui jettent une lumière nouvelle sur la religion romaine ; le texte même en était demeuré secret bien des mois : nous l’avons maintenant, avec le beau travail d’un tel maître, — avec la récente et excellente étude de M. Gaston Boissier[1]

Des fouilles heureuses dans la province de Rome donnaient, durant la même période, de remarquables résultats. On déblayait à Ostie le théâtre et le forum. On découvrait à Subiaco, dans la villa de Néron, cette belle statue, peut-être d’un jeune pêcheur qui jette le harpon, qu’on voit maintenant au musée des Thermes, œuvre grecque, selon les meilleurs juges, et de la fin du Ve ou du commencement du IVe siècle[2]. D’autre part, la petite ville actuelle de Cività Castellana, l’antique Falérie, offrait aux explorateurs de sa nécropole un si riche butin que la direction des beaux-arts, rien qu’en choisissant les principaux objets, en a pu former tout un musée, installé aujourd’hui dans la villa di papa Giulio, aux portes de Rome.

On comprend qu’avec une telle abondance de découvertes (je n’ai mentionné ici que les principales), l’administration italienne puisse ouvrir un nouveau musée tous les quatre ou cinq ans. J’en ai vu se former jusqu’à six ou sept depuis 1876 : celui de l’Esquilin, annexé au musée des Conservateurs ; la collection tibérine à l’ancien jardin botanique ; le musée de céramique moderne et d’objets de la renaissance à Capo le case ; celui de la villa di papa Giulio ; celui des Thermes de Dioclétien, qui n’est pas encore entièrement ouvert au public. Je pourrais ajouter le musée préhistorique, créé au Collège romain par M. le professeur Pigorini. Je pourrais ajouter même tel magasin provisoire où les objets antiques, à mesure qu’ils sortent de terre, sont disposés immédiatement en si bon ordre que le musée proprement dit est là en formation. Je citerais comme très curieux exemple le magasin situé dans le nouveau jardin botanique, sur les premières pentes du Cœlius, tout près du jardin des Passionnistes et de la basilique des saints Jean

  1. Voyez la Revue du 1er février.
  2. M. Marcel Reymond l’a récemment publiée dans la Gazette des beaux-arts. M. Gasq, pensionnaire de l’Académie de France, en achève en ce moment à Rome une copie en marbre.