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LES ÉTATS-UNIS
ET
LA VIE AMÉRICAINE


I

Notre idée des États-Unis s’est élargie et précisée depuis peu. MM. De Rousiers, de Varigny, Max Leclercq, Gaulieur, de Coubertin, nous ont récemment apporté une riche moisson d’observations compréhensives et détaillées, de documens précis et concrets[1]. Nous en avions besoin. Jusqu’ici nous possédions surtout des études de sociologie, des réflexions de politiques et d’économistes, des dissertations profondes à la façon des considérations de Montesquieu sur la grandeur et la décadence des Romains. Nos historiens et nos philosophes s’étaient occupés des grands faits abstraits et permanens d’où sortent les millions de petits faits fugitifs et colorés dont ils ne nous parlaient pas. Quelques promeneurs avaient « noté leurs impressions, » décrit l’Elevated de New-York, les grands hôtels de Chicago, les Pullman-Cars, les deux ou trois Indiens civilisés qui vendent des corbeilles d’osier près des chutes du Niagara. Comme l’Amérique n’est point pittoresque, que le paysage y varie peu, que les costumes n’y sont pas décoratifs, que de New-York à San-Francisco tous les hommes portent des cols et des pantalons, les plus littéraires égayaient la monotonie du vojage par leur belle

  1. Paul de Housiers, la Vie américaine. — C. de Varigny, les États-Unis. — Max Leclercq, Choses d’Amérique. — Henri Gaulieur, Études américaines. — De Coubertin, Universités transatlantiques.