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ATHENES
AU MOYEN AGE

Ferdinand Grégorovius, Geschichte der Stadt Athen im Mittlelaller, 2 vol. Stuttgart.

Athènes au moyen âge, quel contraste dans ces trois mots ! L’on a peine à se figurer de quelle vie a pu vivre la radieuse capitale de la civilisation hellénique au milieu des ténèbres et des frimas que l’invasion avait amenés à sa suite, et l’on se demande s’il n’eût pas mieux valu pour elle, en tout état de cause, mourir de sa ; belle mort que de végéter ainsi ! Tant de germes féconds conservés dans son sein eurent-ils du moins le privilège de provoquer dans l’empire d’Orient l’une ou l’autre de ces renaissances éphémères qui, dans l’empire d’Occident, ont précédé la renaissance classique proprement dite ? Athènes, en un mot, a-t-elle été une de ces cités privilégiées qui ont gardé intacte la tradition du passé jusqu’au jour où le prince prédestiné est venu réveiller la Belle au Bois dormant ?

Telles sont les questions qui se pressent à l’esprit lorsque l’on ouvre le livre que l’historien de la Rome médiévale, le biographe d’Athénaïs et de Lucrèce Borgia, Ferdinand Grégorovius, a publié peu de mois avant sa mort prématurée, et qu’il nous a laissé comme son testament littéraire. Avec l’ardeur d’un esprit généreux, Grégorovius a voulu s’attaquer à un sujet nouveau, pour lequel ses études antérieures ne pouvaient lui être d’aucun