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LE JOURNAL DE M" DE SOMMERS TROISIÈME PARTIE (1). Il avait fait si chaud que la pluie d’orage n’avait pas rafraîchi le temps. Nous étions remontées à onze heures et j’avais flâné sans objet; l’atmosphère, chargée d’électricité, m’avait rendue horriblement nerveuse ; je me suis couchée à regret. J’avais laissé ma fenêtre légèrement entre-bâillée, pour avoir un peu d’air : je ne pouvais pas me décider à souffler ma bougie; en- fin, je l’ai fait : — mais impossibilité complète de dormir. J’ai écouté les heures que sonnait l’horloge et je venais de compter une heure moins un quart, quand j’ai cru entendre, sous ma fenêtre, dans le silence de la nuit, deux mots dits très vite, d’un ton d’impatience. — Veux-tu ! Évidemment, cela s’adressait à un chien. J’étais surexcitée, aga- cée; j’ai sauté à bas de mon lit, couru à la fenêtre : rien. Rapide- ment, — sans bruit, — j’ai ouvert un des battans, et en avançant un peu la tête, j’ai vu passer un homme, marchant avec précau- tion, et conduisant un cheval par la bride. (1) Voyez la Revue du l**" et du 15 février.