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institutions et de découvrir, d’engager le prince, désormais directement responsable devant le pays de l’usage qu’il fera ou qu’il ne fera pas du plébiscite ? Cette invention assez imprévue du « référendum royal, » à la vérité, est loin d’être acceptée. Elle a rencontré, elle rencontre encore les plus vives résistances ; elle a même provoqué, il y a peu de jours, une crise intime où le chef du cabinet, M. Beernaert, le promoteur officiel du référendum, s’est vu sur le point d’être abandonné par une partie de la majorité catholique. On n’a échappé à la crise que par une sorte de transaction, par un palliatif que M. Beernaert, qui ne manque pas de dextérité, a eu l’art de proposer au dernier moment pour régulariser l’usage du droit de plébiscite. Tout ne reste pas moins en suspens jusqu’au vote définitif des chambres, jusqu’à la réunion du congrès constituant, et la Belgique aura de la chance si elle sort de cette épreuve conduite un peu au hasard avec ses institutions intactes, avec la paix intérieure raffermie.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La crise ministérielle ouverte le 19 courant, et qui ne s’est terminée qu’au moment où ces lignes sont écrites, n’a pas troublé la sérénité de notre marché financier. Les affaires n’ont pas été plus animées, un certain nombre de valeurs restent tenues en défiance par les capitalistes. Dans l’ensemble toutefois, les tendances se sont plutôt raffermies, surtout dans les derniers jours, malgré les incidens politiques, et probablement à cause de l’approche de la liquidation.

La rente française atteignait 95.95 au milieu du mois. Il s’est produit tout d’abord, sur la nouvelle de la chute du ministère, un mouvement de recul à 95.60. Mais cette première impression s’est rapidement effacée ; le cours de 96 francs a été conquis. L’emprunt a dépassé, de son côté, 95 francs ; l’amortissable s’est avancé de 0 fr. 05 à 96.95.

Les fonds étrangers ont eu des fortunes diverses. Le Hongrois or 4 pour 100 a été porté à 93 sur l’impression favorable faite par les déclarations du discours du trône à l’ouverture du Reichsrath concernant le projet de réforme monétaire en Autriche-Hongrie. Il a été ensuite ramené à 92 1/2.