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La hausse du change est, à un plus haut degré encore, la plaie des finances helléniques. Un mouvement de panique, promptement enrayé, s’est produit à Londres sur les fonds grecs. A Athènes, comme à Madrid, le déficit budgétaire est chronique. Des dépêches de Rio-de-Janeiro ont annoncé que des insurrections avaient éclaté dans deux provinces du Brésil. Le 4 pour 100 brésilien a reculé de 61.50 à 55.75. A Buenos-Ayres et dans toute la République Argentine, des élections ont eu lieu le 7 courant pour le renouvellement partiel de la législature nationale. Elles semblent avoir tourné à l’avantage des partisans du général Roca. Le nouveau président, quel qu’il soit, ne sera installé qu’en octobre. D’ici là, le désordre ira croissant dans les finances argentines. Les recettes suffisent à peine aux besoins gouvernementaux les plus urgens ; il ne reste, et ne restera rien de longtemps, pour le service des dettes.

Le marché des titres de nos établissemens de crédit a été fort agité. Les rumeurs les plus extravagantes ont eu cours pendant toute une séance, et une réaction très vive s’en est suivie. Elle ne s’est que partiellement effacée, alors qu’il n’était plus possible de douter de l’inanité des bruits qui l’avaient causée. La Banque de Paris a reculé de 680 à 630 francs, le Comptoir national d’escompte de 15 francs à 492.50, le Crédit foncier reste à 1,210 après avoir fléchi, dès le lendemain de la liquidation, de 1,220 à 1,195, et quand les vendeurs à découvert avaient dû payer sur ce titre un déport variant de 2 à 9 francs.

L’action nouvelle de la Banque d’escompte a rétrogradé de 2.50 à 210. Le Crédit lyonnais s’est assez bien tenu entre 800 et 790. Le Crédit industriel et commercial et la Banque de dépôts et comptes courans ont convoqué respectivement leurs actionnaires en assemblée générale pour leur soumettre un projet de fusion des deux sociétés. Ce projet a valu aux actions du Crédit industriel une forte dépréciation de cours.

Deux sociétés immobilières, la Compagnie foncière de France et la Société des immeubles de France, associent désormais leurs intérêts et n’auront plus qu’un conseil d’administration. Cet accord est établi sous les auspices du Crédit foncier de France et il a pour première conséquence une émission de 100,000 obligations de la Société des immeubles le 20 courant.

De très belles recettes ont fait monter le Suez de 2,662.50 à 2,717.50. Les actions de nos grandes compagnies de chemins de fer sont restées immobiles. Les Omnibus se sont maintenus également, bien que le tribunal de commerce ait donné gain de cause aux prétentions du syndicat des employés contre la compagnie. La baisse constante des prix du cuivre, à Londres, a fait reculer le Rio-Tinto de 440 à 420, dernier cours 425. Les chemins espagnols ne se sont pas relevés. L’action des Andalous a même perdu quelques francs à 295.


Le directeur-gérant : CH. BULOZ.