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du chancelier de l’Échiquier les dispositions du marché anglais à l’égard de l’emprunt destiné aux achats d’or. Sur son assurance qu’on ne procéderait à Vienne à ces achats qu’avec une extrême prudence, afin de ne provoquer aucune perturbation monétaire, et qu’en outre la monarchie austro-hongroise ne chercherait pas à vendre son stock de monnaies d’argent, les puissances financières de Londres ont donné à entendre au représentant de la haute banque viennoise que l’emprunt pour la réalisation de la valuta ne les trouverait pas hostiles.

L’Italien, porté de 90.30 à 91 francs, a reculé ensuite à 90 francs sur la hausse du prix du change dans la péninsule et sur la nouvelle de la rupture des négociations commerciales engagées entre la Suisse et l’Italie. Ce n’est pas en restreignant les débouchés des exportations italiennes que les ministres italiens pourront atténuer les difficultés et les embarras de toute sorte que leur prépare cette question du change. Les valeurs turques ont été offertes pendant quelques jours, mouvement motivé par l’accueil assez froid que le public a fait à l’émission des obligations de Beyrouth à Damas. La Banque ottomane, qui avait organisé cette émission, a été ramenée de 552.50 à 537.50.

Le nouveau ministre des finances du Portugal a soumis, le 30 janvier dernier, à la chambre des députés, ses propositions pour le règlement de la question financière. Elles se ramènent aux points suivans : impôt, variant de 5 à 20 pour 100 sur les traitemens des fonctionnaires ; surtaxes de 10 à 20 pour 100 sur les impôts directs ; impôt de 30 pour 100 sur les titres de la dette intérieure ; réduction de moitié du capital ou de la moitié de l’intérêt sur les titres de la dette extérieure ; assignation de certains revenus au service de la dette réduite. Le principe même de ces propositions a été adopté par la chambre, mais l’examen des détails a été renvoyé après la discussion du budget. La rente portugaise a fléchi de 29 à 27 1/2 et s’est relevée à 28.

L’Extérieure s’est tenue à 63, après une avance éphémère à 63 1/2. Les relations commerciales entre l’Espagne et la France sont établies, depuis le 1er février, sur le régime de l’application du tarif général. Le taux du change n’a pas baissé, comme on l’espérait, à la suite des grands arrivages de vins en France, au cours de janvier. Il se tient à 14 pour 100. Des troubles suscités par les grèves et l’agitation anarchiste dans quelques villes ont été aisément réprimés, mais un malaise politique subsiste. Le ministère Canovas a présenté un budget à peu près équilibré en recettes et dépenses ; on y voit figurer des économies d’une part, des taxes nouvelles de l’autre. Mais cet équilibre a paru quelque peu factice ; l’opinion publique, à Madrid, ne l’a pas pris au sérieux. L’encaisse métallique de la banque d’Espagne ne s’accroît pas, tandis que la circulation fiduciaire grossit chaque semaine de quelques millions. C’est le mou veinera contraire qu’il faudrait voir se dessiner.