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bons serviteurs, vaillans capitaines, et par sa bonne conduite, il recouvra son royaume. » A l’appui de ce qui précède, on cite cette épitaphe faite du temps d’Agnès :


Icy dessous des Belles gist l’élite,
Car de louanges sa beauté plus mérite,
Étant cause de France recouvrer,
Que n’est tout ce qu’en cloître peut ouvrer
Clause nonnain, ny en désert hermite.


D’autres chroniqueurs, et dans le nombre Brantôme, ont écrit que là où Agnès venait voir le roi, « il y avait quantité de gens présens, et qui oncques ne la virent toucher par le roy au-dessous du menton. » Ce qui est plus certain, c’est que le roi lui donna les terres d’Issoudun, en Berry, et bien d’autres ; qu’il en eut deux filles, dont l’une épousa Jacques de Brézé, l’autre Olivier de Coitivy, sénéchal de Guyenne.


IX. — LOUIS XI, JEANNE DE FRANGE A BOURGES, CHARLOTTE, DUCHESSE DE VALENTINOIS.

A divers momens, mais surtout en 1431, 1438 et 1440, le clergé français se réunit à Bourges. C’est dans une de ses imposantes assemblées que fut proclamée la Pragmatique-sanction de Bourges pour le règlement des matières ecclésiastiques. La généralité des États européens avait adopté les décrets du concile de Bâle de 1431 comme utiles à l’indépendance des églises nationales, et surtout à l’autorité royale. Charles VII, en 1438, réunit en Berry tous les hauts dignitaires du clergé français pour leur faire adopter les mêmes décrets, « lesquels reconnaissaient l’autorité des conciles œcuméniques comme supérieure à celle du pape, demandaient des conciles annuels, l’élection aux évêchés et aux abbayes par les chapitres et par les moines, la nécessité de l’approbation royale pour la validité des bulles, etc. » L’assemblée adopta et promulgua dans ce sens une ordonnance qui eut force de loi et qu’on nomma la Pragmatique-sanction de Bourges.

Louis XI était né à Bourges, et, devenu roi, il garda pour sa ville natale toute l’affection qu’on pouvait espérer d’un prince rusé et singulièrement entouré. En sa qualité de dauphin du Viennois, il avait fondé l’université de Valence ; puis, en sa qualité de roi, celle de Nantes. Charles, son frère, en faveur duquel il avait reconstitué le duché du Berry, et qui devait se révolter bientôt en se laissant placer, par les seigneurs mécontens, à la tête de la Ligue du bien public, lui demanda de fonder également une