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conservé six facultés des lettres et sept facultés des sciences, mais sans leur donner un personnel qui fût entièrement à elles, sans leur assurer d’élèves propres, sans leur assigner de tâche déterminée, sans leur fixer de destination spéciale. Aussi sont-elles indécises et flottantes, ayant tantôt des élèves et tantôt n’en ayant pas. Par exemple, en 1816, le recteur de Caen écrit : « Le nombre des étudians de la faculté des sciences qui suivent le cours de chimie s’élève à plus de cent ; il est nécessaire d’affecter à ce cours une salle plus vaste[1]. » Dix ans plus tard, aux relevés d’inscriptions, pas un élève à la même faculté. Il semble que les autorités universitaires ne voient pour elles, outre les sessions d’examen, que la préparation au baccalauréat. En 1822, on décide que les candidats à ce grade qui ne justifieront pas du certificat d’études dans un établissement d’enseignement secondaire devront justifier de quatre inscriptions dans une faculté. La même année, on impose aux étudians en médecine, outre le baccalauréat ès-lettres, le baccalauréat ès-sciences. C’est dans les facultés des sciences qu’ils s’y prépareront. Voici le bilan de la faculté des sciences de Montpellier en 1826 : deux cent soixante-huit auditeurs se décomposant ainsi : étudians en médecine, cent cinquante-trois ; étudians en pharmacie, vingt-deux ; habitans de Montpellier, cinquante et un ; militaires de toutes armes et de tous grades, douze ; étrangers de toutes nations, trente. L’enseignement est des plus élémentaires. Ainsi, en mathématiques, « le professeur n’a pas dû perdre de vue qu’il ne s’agissait pas de former des géomètres de profession, que l’étendue du cours était fort limitée, et qu’il parlait à des auditeurs qui, pour la plupart, n’avaient que très peu de temps à consacrer à un genre d’études qui, quelques fruits qu’ils puissent d’ailleurs s’en promettre, n’est pourtant pour eux qu’une sorte d’accessoire. Il a donc dû souvent sacrifier la rigueur à la clarté et l’élégance à la brièveté[2]. » Dans les lettres, situation analogue. On y trouve d’abord à peu près partout la faculté de l’Empire, celle qui double le collège et prépare au baccalauréat. Pourtant à côté commence à se montrer, çà et là, la faculté oratoire, généralisant, vulgarisant et parlant au public. Voici, par exemple, la Faculté des lettres de Toulouse. Les cinq cours en forment deux groupes bien distincts : dans l’un, au cours de philosophie, quatre-vingt-treize élèves ; soixante-dix sont en même temps élèves du collège. A la faculté comme au collège, ce sont des écoliers. Le recteur les considère comme tels : « Ils ont été

  1. Commission de l’instruction publique (séance du 30 janvier 1816).
  2. Rapport du doyen, archives du Ministère de l’instruction publique.