Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 109.djvu/854

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exactement la vie des peuples. Pour la servir, l’érudition recommence et multiplie ses travaux ; elle déchiffre les hiéroglyphes des monumens égyptiens ; elle découvre la grammaire des langues primitives et des langues orientales. En même temps, les sciences proprement dites, les sciences expérimentales surtout, la physique, la chimie, l’histoire naturelle, la physiologie, prouvent la sûreté de leurs méthodes par d’incessantes découvertes, et préparent une nouvelle philosophie de la nature.

Non vraiment, quand l’esprit créait ainsi tout un présent, tout un avenir, il n’était pas possible que l’esprit public se laissât ramener en arrière, au passé. Tant de spontanéité, tant de puissance dans l’ordre intellectuel, étaient incompatibles avec une abdication de la raison dans l’ordre politique.

Le ministère de Villèle le vit bien aux élections de 1827. La jeunesse libérale, qui avait fait bonne garde et vaillante campagne autour de l’idée des libertés publiques, eut raison contre lui, et la monarchie lut forcée, au moins pour quelque temps, de modifier son allure.


IV

Le ministère Martignac fut pour l’Université une période de paix, de réparation et de succès. Tout d’abord on lui donna un ministre tout entier à elle. Lorsqu’on 1824 on avait fait du Grand-Maître un ministre secrétaire d’État, on lui avait attribué, — liaison ou subordination, mais liaison significative, si ce n’était pas subordination, — un double département, l’instruction publique et les affaires ecclésiastiques. L’ordonnance du 4 janvier 1828 sépara les deux choses, et le Grand-Maître de l’Université ne fut plus que Ministre de l’instruction publique. L’année suivante, une autre mesure organique acheva d’incorporer l’Université à l’État, en l’adaptant au système représentatif du pays. Il y avait quelque indécision dans les rapports du Grand-Maître et du Conseil royal. Le Conseil pouvait-il prendre des décisions ? Le Grand-Maître, ministre responsable, pouvait-il s’en couvrir devant les Chambres ? L’ordonnance du 26 mars 1829 régla la question en décidant que toutes les délibérations du Conseil, sauf en matière disciplinaire ou contentieuse, seraient désormais soumises à l’approbation du Ministre secrétaire d’État de l’instruction publique.

Le nouveau Grand-Maître, le nouveau Ministre, était M. de Vatimesnil. A sa circulaire d’avènement, il fut clair qu’il y avait quelque chose de changé dans l’instruction publique. On n’avait pas encore entendu parler de ce ton du respect dû à la liberté de conscience