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LES ANGLAIS EN BIRMANIE.


gement positif du fonctionnaire correspond, depuis longtemps déjà, un engagement moral du gouvernement de réserver aux seuls covenantedy — c’est le nom officiel de cette catégorie de fonctionnaires, — les avantages divers que nous venons d’énumérer[1]. Bien entendu, tout en concédant ces privilèges exclusifs aux membres du covenanted service, le gouvernement de l’Inde s’est réservé le droit de faire entrer dans le service civil d’autres fonctionnaires, recrutés par d’autres méthodes. Le concours ne lui a pas évidemment amené tous les hommes de mérite. Beaucoup se sont révélés dans d’autres carrières, dont la coopération serait précieuse. Il s’efforce de les attirer, et, suivant les circonstances et leurs talens, il les lie à lui par des liens plus ou moins étroits. Les uns, il les emprunte à d’autres administrations et les prend seulement en service détaché, utilisant, pendant une. période donnée, leurs connaissances spéciales. Les autres, il les enrôle définitivement et les incorpore dans ce qu’on appelle un covenanted service[2] . Ces deux modes subsidiaires de recrutement procurent au gouvernement de l’Inde des serviteurs extrêmement utiles. Ce sont, par exemple, des consuls de carrière, qu’on détache momentané-

  1. Ces explications sont parfaitement exactes ; toutefois, elles sont d’une exactitude que j’appellerai théorique. En effet, d’une part, certains fonctionnaires signent des covenants sans pour cela appartenir au covenanted service : leur covenant n’est alors qu’un simple écrit indiquant dans quelles conditions spéciales ils ont été engagés ; d’autre part, les fonctionnaires ducovenanted service n’ont plus aujourd’hui de privilèges aussi exclusifs qu’autrefois. Comme ils coûtent fort cher à l’État, celui-ci cherche à en diminuer le nombre. Il y parvient de deux manières : en demandant plus de travail à chacun d’eux, — je reviendrai plus tard sur ce premier point, — et en confiant parfois à d’autres qu’à des covenanted des fonctions qui, aux termes des règlemens, devaient impérativement leur être réservées (voyez notamment le document intitulé : East India civil servants, 29 July 1890, 327, p. 2, col. 2).
  2. ) Le covenanted service ne comprend que des fonctionnaires du civil service, ceux-là mêmes dont nous nous sommes occupé dans tout cet article ; l’uncovenanted service, beaucoup plus nombreux, comprend des fonctionnaires de toute nature : fonctionnaires des services techniques, tels qu’ingénieurs, forestiers, télégraphistes, etc., et aussi quelques hauts fonctionnaires du civil service. Mais les hauts fonctionnaires du civil service, qui appartiennent à l’uncovenanted service, sont fort peu nombreux. Voici à ce sujet des chiffres officiels. Le civil service, compte environ 1,020 fonctionnaires ; sur ce nombre, le covenanted service en fournit, y compris les fonctionnaires en congé, les ineffective officers, 950 ; l’uncovenanted service en fournit environ 70 « D’autre part, l’uncovenanted service, dans son ensemble, comprend environ 4,800 fonctionnaires, dont 1,600 Européens ou Eurasiens (métis), et 2,600 Asiatiques. On le voit, la proportion des Asiatiques dans l’uncovenanted service est très élevée. Au contraire, dans le covenanted service, elle est infime : une dizaine sur 950. Il y a là une grosse question, question d’équité et question de politique, qui depuis longtemps préoccupe les meilleurs esprits. (Voir à ce sujet les documens officiels suivans : Correspondance relating to the age at which candidates,., etc., 1885, C.-4580 ; Report of the public service commission, 1888, C.-5327 ; idem, 1890, C.-5926.)