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finances de Hongrie, et Steinbach, ministre des finances d’Autriche, viennent de décider la prochaine réalisation, a pour objet l’établissement de l’étalon d’or dans l’empire austro-hongrois et la transformation de tout le système de circulation, c’est-à-dire la suppression du cours forcé des billets de crédit et le retour aux paiemens en espèces métalliques. Il s’agit donc de retirer, en tout ou partie, de la circulation les 360 millions de florins de staatsnoten (billets d’État) qui ont cours actuellement, et de rendre remboursables à vue, en or, ceux de ces billets qui continueront à servir aux échanges. Actuellement le florin de papier fait prime sur le florin argent, monnaie étalon, et le florin or fait prime sur le florin de papier. Une loi devra établir une relation fixe de valeur entre les deux monnaies existantes, et le florin à créer. Les ministres des finances ont déjà constitué à Vienne et à Pest une réserve d’or importante en vue de la transformation à opérer, mais un grand emprunt devra être émis, dont le produit servira à l’achat de la quantité de métal nécessaire pour le retrait des billets d’État et leur remplacement par du numéraire. Cet achat sera, d’ailleurs, réparti sur plusieurs années, le retrait des billets ne devant s’effectuer que graduellement, de façon qu’aucune perturbation ne soit apportée sur les marchés monétaires étrangers, et notamment sur celui de Londres, d’où l’or devra venir pour la majeure partie.

Il n’est pas encore décidé si le futur florin aura une valeur de deux marks (soit 2 fr. 50) ou de 2 francs. L’emprunt que les gouvernemens autrichien et hongrois auront ainsi à contracter grèvera les budgets du montant nécessaire au service de l’intérêt, mais ces charges nouvelles seront réduites par le bénéfice à attendre de la conversion de certaines dettes intérieures.

Tels sont les points principaux sur lesquels ont dû se mettre d’accord MM. de Wekerle et Steinbach dans les conférences qu’ils ont eues à Vienne les 22 et 23 courant. Des commissions d’experts ont été convoquées dans les deux capitales pour le mois de février ; elles auront mission d’examiner les moyens d’exécution de la réforme. Celle-ci pourrait être tentée au cours de l’été, si les circonstances extérieures, financières, économiques et politiques, restent jusque-là aussi favorables qu’elles le sont maintenant.

Le gouvernement portugais s’est décidé à reconnaître qu’il ne pouvait plus faire honneur à l’intégralité de ses engagemens et qu’il était obligé de demander un sacrifice à tous les créanciers du royaume. Ce sacrifice peut prendre la forme d’une suspension temporaire du service de la dette, ou celle d’une réduction formelle et définitive du montant du coupon semestriel (1 ou 1 1/2 ou 2 pour 100 de réduction sur l’intérêt total actuel de 3 p. 100), ou enfin celle d’un impôt (33 pour 100 ou 50 pour 100 du revenu) dont serait frappé, pour un temps plus ou moins long, le revenu de la dette publique. De quelque façon que le