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LES ANGLAIS EN BIRMANIE.


fonctionnaires de son département. Quand ces commissaires ont ainsi, pendant des mois, suivi et observé les candidats, il est permis de croire qu’ils possèdent quelque autorité pour les rejeter ou les admettre.

Au surplus, la manière dont ils ont réglé les épreuves et rédigé les programmes vient en aide à leur zèle et à leur perspicacité.

Le concours, nous, venons de le dire en passant, comporte deux épreuves. Les Anglais les appellent : l’une, concours public ; l’autre, concours final. Elles correspondent, à peu près, la première, à ce qu’on appelle chez nous l’admissibilité ; la seconde, à l’admission. Mais, — et cela caractérise le système anglais, — le concours d’admission n’a lieu que très longtemps après le concours d’admissibilité. Dans l’intervalle, les candidats déclarés admissibles deviennent des probationers. Ils sont à l’épreuve, pour une année, et voici ce qu’ils ont à faire pour sortir triomphans de cette épreuve.

Ils ont, tout d’abord, à se bien porter et à se bien conduire, ce qui est, — entendez-le comme vous voudrez, — une grosse affaire pour des jeunes gens de vingt ans. Tout ce qui altérerait leur santé, tout ce qui entacherait leur caractère, au point de les rendre ou moins capables, ou moins dignes du rôle qu’on leur destine, pourrait, à la fin de la probation, leur faire refuser le certificat d’aptitude. Et ce ne sont pas là des menaces vaines : les mêmes commissaires du civil service qui les ont examinés au premier concours les suivent durant ce « temps d’épreuve » et les examineront encore au concours final. Ils ont ensuite à se perfectionner dans l’équitation. On leur fait subir une inspection, d’une nature toute spéciale, devant un officier de cavalerie, et si cet officier ne les déclare pas aptes à faire à cheval de longues courses, de véritables voyages, ils sont rejetés comme impropres au service de l’Inde. Enfin, ils ont à se spécialiser. En effet, le concours préalable, qui avait fait d’eux des probationers, présentait une double particularité. Le programme, quoique fort étendu, ne comprenait pour ainsi dire pas de matières techniques, et, au surplus, aucune des matières qui y étaient inscrites n’était obligatoire. C’est là une conception bien originale et qui mérite d’être signalée.

Elle date de 1854 et est l’œuvre de la grande commission de réforme présidée par lord Macaulay.

Lord Macaulay a présidé plus d’une commission sur les affaires de l’Inde, et son influence, notamment dans les questions d’éducation, n’a pas été toujours excellente. Mais dans la matière qui nous occupe, on ne saurait trop admirer la justice et l’esprit pratique de ses conceptions. C’est lui qui, le plus nettement, sinon le premier, a émis l’idée ambitieuse, que j’ai déjà rapportée, de faire