enthousiastes de Shakspeare ; » et je ne chercherai pas à réduire en système les considérations incohérentes de l’Introduction à l’histoire de la peinture en Italie, d’où l’on peut conclure tour à tour, de dix lignes en dix lignes, que le despotisme est éminemment favorable et absolument mortel aux beaux-arts ; je laisserai de côté ces vues profondes, parce que Stendhal n’en a rien tiré, parce qu’une théorie n’a de valeur et ne devient titre de gloire que quand on l’applique, que quand on s’en sert pour expliquer un certain nombre de faits, et pour grouper et pour soutenir et pour éclairer un certain nombre de vérités particulières ; parce que quand un auteur n’a pas fait sienne une théorie par cet usage, ne l’a pas vérifiée par ces applications et ne l’a pas confirmée par cette suite, on peut toujours dire à coup sûr qu’à cet état rudimentaire elle était déjà dans un de ces prédécesseurs, et que, tant s’en faut qu’elle fasse honneur, qu’au contraire en avoir eu l’idée et n’en avoir tiré rien est presque une preuve que tout en la découvrant on ne l’a pour ainsi dire pas comprise. C’est bien, je crois, le cas de Stendhal. Il découvrait, ou semblait découvrir la critique littéraire historique, la critique littéraire scientifique, la critique littéraire qui explique et ne juge point, et dans toute son œuvre, ce sont toujours des impressions personnelles et uniquement des impressions personnelles qu’il nous donne comme jugemens, et jamais ce n’est l’histoire de la génération, de l’élaboration historique de l’œuvre d’art qu’il nous fait, de quoi je ne songe nullement à le blâmer, mais sur quoi je dis que sa théorie n’était qu’une rencontre fortuite, ne l’a ni guidé ni soutenu, partant n’était pas à proprement parler sa théorie, et devient, quand on parle de lui, négligeable.
Stendhal a laissé deux romans dignes d’occuper la postérité : le Rouge et le Noir (1830), et la Chartreuse de Parme (1839). Le second est une seconde édition, à la fois corrigée et affaiblie, du premier. Je m’occuperai du premier d’abord. — Le Rouge et le Noir est une très grande œuvre comme idée générale et comme portée. Il a un titre très clair, Rouge et Noir, c’est-à-dire soldat et prêtre, ambition militaire et ambition ecclésiastique, l’une succédant à l’autre, énergie guerrière et diplomatie intrigante, cette derrière cherchant à réaliser le rêve de domination que la première a conçu. Quoique vaste, le titre est encore un peu étroit pour l’idée de l’œuvre. J’aimerais presque mieux que le livre eût pour titre sa date. 1830, c’est le vrai titre de Rouge et Noir. Le