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l’on croirait utile de transférer un district ou une portion de district de la Haute à la Basse-Birmanie, et réciproquement, afin d’y rendre applicable la législation en vigueur dans tel district déterminé[1].

Tant de distinctions, on le devine, ne visent qu’à éviter deux dangers opposés. L’un est d’imposer aux populations un régime légal ou qui serait trop compliqué pour elles, ou qui heurterait leurs croyances ou leurs coutumes, et de se lancer prématurément dans des organisations coûteuses, superflues, souvent même gênantes. L’autre est, sous prétexte que les temps ne sont pas encore venus, de laisser, pendant plusieurs années, tout un pays sans lois déterminées, sans administration régulièrement investie, et de demander à l’arbitraire, — ce dont les Anglais, dans leurs rapports entre eux, ont horreur, — la solution de toutes les difficultés. Quelques complications que ces distinctions puissent entraîner, elles procurent ce double résultat : c’est l’essentiel. Après cela, on peut leur reprocher d’exiger plus de connaissances et de tact dans le personnel de l’administration ou de la justice. Mais les Anglais ont depuis longtemps surmonté cette difficulté.

II.

Il n’y a peut-être pas au monde de fonctionnaires plus soigneusement et plus habilement choisis que les fonctionnaires de l’Inde[2]. Je n’oserais pas étendre cet éloge aux fonctionnaires de toutes les

  1. « Notification conforme à la loi du 27 septembre 1886 et ayant pour but de transférer des portions de la Haute-Birmanie à la Basse-Birmanie. N° 110 ; 24 février 1887 : en vertu des pouvoirs à lui conférés par la section n, sous-section ii de la loi intitulée : Upper Burma Laws Act, no 20 de 1886, le chief commissioner de Birmanie, avec l’approbation préalable du gouverneur-général en conseil, transfère la portion de la Haute-Birmanie, ci-dessous désignée, à la Basse-Birmanie, avec effet depuis le 1er mars inclus : le township de Sinbaungwe ; les cercles de Mindat, Hindou, etc. » — « Notification en vertu de la loi des Scheduled districts de 1874, étendant certains actes législatifs à des portions de Haute-Birmanie qui ont été transférés à la Basse-Birmanie. N° 111 ; 24 février 1887 : en vertu de la section v de la loi des Scheduled districts, no 14 de 1874, le chief commissioner de Birmanie, avec l’approbation préalable du gouverneur-général en conseil, étend, avec effet, à partir du 1er mars inclus, au territoire transféré à la Basse-Birmanie par la Notification no 110 de ce jour, toutes les lois actuellement en vigueur dans le district de Thayetmyo, excepté les suivantes : loi sur la terre et le revenu, de 1876 ; loi sur l’excise, de 1881. »
  2. Il ne s’agira, dans toute cette étude, que des fonctionnaires du a service civil, » c’est-à-dire de fonctionnaires d’un rang élevé, appartenant à l’une des deux branches, soit exécutive, soit judiciaire, véritable état-major civil, dont le rôle peut, sans trop d’inexactitude, se comparer à celui de nos résidens en Indo-Chine. Il resterait encore, et ce serait bien instructif, à exposer les modes de recrutement des services techniques : travaux publics, télégraphes, forêts, chemins de fer, etc. ; cela nous entraînerait beaucoup trop loin.