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LES
ANGLAIS EN BIRMANIE

II.[1]
L'ADMINISTRATION, LES LOIS, LES FONCTIONNAIRES.

Une puissance européenne prétend fonder une colonie. Elle convoite, par exemple, quelqu’une de ces vieilles monarchies d’Asie qu’une civilisation décrépite, danger plutôt que sauvegarde, précipite à leur ruine. Elle a, en conséquence, organisé une expédition et opéré le débarquement. Bientôt elle a dispersé les troupes régulières, renversé le gouvernement et pris le pouvoir en mains. Elle voit venir à elle les mécontens et les ambitieux et s’incliner les timides et les découragés. Rien ne lui résiste plus que quelques caractères héroïques ou bien de ces fanfarons qui font métier de patriotisme. Elle lance alors une proclamation d’apaisement et de conciliation ; elle garantit la sécurité des personnes et des biens, le respect des croyances, le maintien des lois et des coutumes ; elle promet un régime de justice et de prospérité. Et, tout de suite, elle se met à l’œuvre ; car elle est de bonne foi et, au surplus, son intérêt répond de son zèle. Mais, arrivée à ce point, elle s’aperçoit qu’alors seulement, commence le difficile de sa tâche.

Pour réduire une nation, ce n’est pas assez de l’avoir domptée ;

  1. Voyez la Revue du 15 décembre.