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raison qu’eût Sa Majesté de ne pas s’attendre de la part de la république à une telle défaillance si contraire à ses assurances répétées, le fait n’est que trop évident, et la nécessité n’en résulte que trop clairement de mettre un terme aussitôt que possible à ces dépenses dont le poids, par le lait d’une partie de nos alliés, devient chaque jour plus lourd pour Sa Majesté. Par ce motif. Sa Majesté désire que vous examiniez avec le stathouder quelles nouvelles instructions il conviendrait de donner aux ministres d’Aix-la-Chapelle afin de mettre à profit les dispositions que pourrait avoir la France de terminer la guerre à des conditions tolérables. » — « Ce sont les Hollandais eux-mêmes, écrivait de son côté le duc de Bedford, qui commencent à pousser des cris pour la paix, en confessant leur absolue incapacité de continuer la campagne, et il devient nécessaire pour l’Angleterre, dont la situation n’est pas beaucoup meilleure que celle de la Hollande, de tenir aussi un langage pacifique. »

Des instructions dans le même sens furent envoyées à lord Sandwich qui dut les recevoir avec d’autant plus de surprise qu’il avait quitté Londres sous une impression bien différente[1].

Un avis plus important encore suivit de près ce premier avertissement donné au chef désigné de la nouvelle campagne. Naturellement le parti pacifique du ministère anglais ne perdait pas un jour pour mettre à profit un revirement si inespéré, et entre Paris et Londres les communications n’étaient jamais ni complètement interrompues, ni difficiles à rétablir. Aussi Sandwich ne tarda pas à être informé que, par un intermédiaire qu’on ne lui nommait pas, on s’était assuré des dispositions du cabinet français. On savait par là de source certaine, lui dit-on, que toutes les propositions faites, l’automne précédent, par le maréchal de Saxe seraient maintenues. Le plénipotentiaire français n’avait donc pas à prendre l’initiative d’en faire de nouvelles ; mais il aurait ordre de prêter l’oreille à toutes les conversations même particulières et secrètes que l’envoyé britannique voudrait engager avec lui sur ce terrain[2].

Un secret n’est pas aisément gardé quand les résolutions sont

  1. Newcastle à Cumberland, Bedford à Pelham. — Pelham administration, p. 390 et 400. — D’Arneth, t. III, p. 359-380. — Parmi les motifs que M. d’Arneth prête à la détermination subite de la Hollande, il fait figurer un projet qui aurait été formé par le roi d’Angleterre, au cas où les alliés seraient rentrés en possession des Pays-Bas, d’y constituer une principauté indépendante pour son fils le duc de Cumberland Ce voisinage aurait paru intolérable au stathouder.
  2. Newcastle à Cumberland, 18 mars 1748. — Pelham administration, p. 400. — Je n’ai pu découvrir ni au ministère des affaires étrangères, ni au Record office, par quel intermédiaire les deux cabinets de Londres et de Versailles furent mis en relations en ce moment et comment le ministère français eut connaissance des dispositions nouvelles du ministère britannique.