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REVUE. — CHRONIQUE.


nonce de l’ouverture prochaine à Pest et à Vienne des opérations concernant le règlement de la valuta, en d’autres termes, le rétablissement des paiemens en espèces.

Il y a un an, la rente portugaise était encore à 58, et l’Extérieure à 75. Le premier fonds a perdu 25 unités en 1891, le second, 10 unités. Le conflit entre le gouvernement de Lisbonne et l’Angleterre n’était pas encore résolu, mais il était sorti de la phase aiguë, et le Trésor venait d’obtenir d’un syndicat de banquiers une avance de 75 millions, remboursable sur le produit d’un emprunt de 200 millions à émettre sur la garantie spéciale d’une organisation du monopole des tabacs. L’emprunt a été émis, en effet, dans les premiers mois de 1891, et dès le lendemain de la souscription commençait la débâcle de la rente portugaise.

L’obligation des Tabacs est aujourd’hui en perte de 60 à 70 francs sur son cours d’émission. Un communiqué semi-officieux fait cependant connaître que les recettes des cinq premiers mois écoulés depuis le commencement de l’exercice laissent entrevoir, après paiement de la redevance au gouvernement et du service des obligations, la possibilité de répartir un intérêt de 5 pour 100 aux actions.

Le gouvernement espagnol aurait pu encore, à la fin de 1890 ou au commencement de 1891, tenter un grand emprunt de liquidation, mais on se complaisait, à Madrid, au sujet de la situation financière, dans un farniente fataliste ; on attendait les événemens. Ceux-ci se sont produits sous la forme d’une brusque hausse du taux du change et de la perspective d’une grande perturbation dans les relations commerciales avec la France.

Au lieu de recourir à des résolutions énergiques et réellement efficaces, comme des retranchemens dans les dépenses, et l’établissement d’impôts nouveaux, le gouvernement espagnol avait trouvé plus commode de transformer la Banque d’Espagne en un instrument dont la fonction exclusive serait de fournir au Trésor de Madrid autant de dizaines de millions de pesetas en monnaie de papier qu’il en faudrait pour dissimuler les insuffisances des budgets successifs. Après le vote de la loi sur la banque, l’économie politique s’est vengée du dédain que l’on venait de montrer à Madrid pour ses principes ; la force des choses a créé immédiatement l’agio sur l’or, cette plaie des finances pour les États dont le crédit n’est plus de premier ordre. On sait quelle baisse a suivi immédiatement cette révélation des taux du change sur les embarras de l’Espagne. Aujourd’hui l’agio est de 12 à 13 pour 100, les actions des chemins espagnols et toutes leurs séries d’obligations ont de nouveau baissé et sont presque au niveau le plus bas de la crise de novembre.

À Lisbonne, l’or fait une prime de 36 pour 100 ; mais dans l’Amé-