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tout ce qui existe en un mot est la violation flagrante des traités. Il n’a pas songé que, par suite, la Bulgarie est restée légalement ce qu’elle était, un État vassal de la Porte, placé à ce titre sous le régime des capitulations, et que la France, sans s’occuper de lui, n’avait qu’à invoquer ces capitulations, à rappeler la légalité diplomatique. De sorte qu’au lieu de servir l’indépendance bulgare, M. Stamboulof en a démontré une fois de plus les faiblesses et l’a peut-être compromise. Il aurait mieux fait de suivre le conseil que lui donnait récemment le comte Kalnoky, de vivre paisiblement, d’éviter les affaires compromettantes, d’accoutumer les cabinets à ce qui n’a été jusqu’ici qu’une œuvre de révolution en Bulgarie. Par ses bravades inutiles, il n’aura réussi qu’à rouvrir une question qui n’allumera certainement pas la guerre, mais qui reste un des élémens des délibérations un jour ou l’autre inévitables, où l’Europe aura à revoir toutes ces affaires des Balkans et de l’Orient.

CH. DE MAZADE.

LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.


Le marché des rentes françaises a été, pendant la dernière quinzaine de décembre, voué à un grand calme, à une immobilité presque complète. Les cours sont tellement élevés qu’il est difficile à la spéculation de chercher de ce côté des élémens de bénéfice à la hausse, et d’autre part les baissiers ont vu, par une nouvelle et récente expérience, combien il était dangereux de s’attaquer à nos fonds français, même au milieu de circonstances propices à un sérieux mouvement de réaction.

Un découvert s’est à peine formé qu’il est immédiatement traqué, réduit à merci, étranglé sans miséricorde. Ainsi plus d’acheteurs ni de vendeurs à terme, le marché livré à lui-même, aux mouvemens restreints du comptant, surveillé toutefois, et gardé contre toute vel-