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LES
MALADIES DU LANGAGE
D’APRÈS LES TRAVAUX RÉCENS

I. Th. Ribot, les Maladies de la mémoire. — II. Kussmaul, les Troubles de la parole. — III. Bernard, De l’Aphasie et de ses diverses formes. — IV. Ballet, le Langage intérieur. — V. Déjerine, Contributions à l’étude de l’Aphasie (Société de biologie, 1890-1891). — VI. Féré, Paulhan, etc., articles divers dans la Revue philosophique. — VII. Victor Egger, la Parole intérieure. — VIII. Stricker, Du Langage et de la Musique.

Parmi les résultats les plus importans que la psychologie française contemporaine a déjà obtenus, en ajoutant aux anciennes méthodes d’investigation l’expérimentation hypnotique, l’observation des malades et l’anatomie, il faut placer en première ligne l’étude du langage. Certes, aucune étude n’est moins nouvelle que celle-là ; depuis qu’on fait de la philosophie, on s’occupe du langage et de ses rapports avec l’intelligence. Aristote, Locke, Leibniz, Kant, Condillac, ont médité sur ces problèmes ; mais ils ne sont pas parvenus, semble-t-il, à comprendre le mode de constitution du langage ; ils n’ont pas saisi la variété et l’indépendance de ses formes, comme nous pouvons le faire aujourd’hui, en employant un procédé d’analyse qu’ils n’ont pas connu : ce procédé, c’est la maladie.

Il existe, dans un grand nombre d’affections du cerveau, un symptôme psychologique d’une nature particulière, auquel on donne le nom d’aphasie, et qui consiste en une altération de la faculté du langage. L’aphasie réalise sur l’homme, avec une précision