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Mistress Branican, de M. Jules Verne ; huit des meilleurs récits du capitaine Mayne-Reid, rassemblés en un seul volume sous le titre d’Aventures de terre et de mer ; le Gradué d’Upsala, — que nous appelons communément Upsal, — par M. André Laurie, pour continuer son intéressante et instructive série de la Vie de collège dans tous les pays ; les Contes de l’oncle Jacques, par P.-J. Stahl ; les Adoptés du Boisvallon, par M. H. Fauquez, tels sont les principaux ouvrages dont s’augmente cette année la Bibliothèque d’éducation et de récréation[1].

Il n’est jamais facile de résumer un roman de M. Jules Verne, et il faut avouer que l’éditeur n’a pas surfait Mistress Branican en nous disant que « jamais le célèbre conteur n’entassa plus de situations palpitantes que dans ce récit, qui contient tous les élémens du drame et du sentiment. » Les situations « palpitantes, » ce sont celles que traverse Mrs Branican elle-même à la recherche de John Branican, son mari, prisonnier d’une tribu d’Australiens nomades « qui parcourt les déserts de la terre de Tasman. » L’occasion est toute naturelle de faire à ce propos la géographie de l’Australie, que Mrs Branican, suivie d’une escorte nombreuse, traverse à peu près de part en part. La note comique est donnée par un collectionneur de chapeaux, Anglais de Liverpool, suivi d’un domestique chinois, qui cherche aux antipodes le chapeau que portait la reine Victoria, quand elle fit visite au roi Louis-Philippe, en 1845… et tout cela, mêlé par l’imagination inépuisable du conteur, forme ensemble un long récit qui ne se lit ni sans intérêt ni sans plaisir. Deux cartes, et quatre-vingt-trois illustrations de M. Benett, dont douze planches en couleur, animeraient encore le texte, si la verve de M. Jules Verne n’était assez capable de se suffire à elle-même. Les planches en couleur valent qu’on les signale pour leur sobriété même de coloration, leur netteté d’exécution, et leur bonheur d’effet.

Si nous faisons encore mention des Adoptés du Boisvallon, ce n’est pas précisément que le récit de M. H. Fauquez, parfaitement honnête et parfaitement moral, ait rien de très original dans la forme ou de très neuf au fond. Il n’est qu’intéressant, et sans doute, c’est déjà quelque chose. Mais nous avons ici même si souvent parlé des contes ou des romans de Stahl, dont la réputation n’est plus à faire, et dont nous voyons tous les jours la popularité se continuer ou grandir ; si souvent aussi nous avons parlé des Scènes de la vie de collège de M. André Laurie, que, rencontrant un nom nouveau, c’est lui qu’il convenait de signaler aux lecteurs. Quatre autres volumes, un Heureux malheur, de M. J. Lermont, Blanchette et Capitaine, de M. Anceau, les Esprits de Mario, de M. P. Perrault, et les Joujoux parlans, de M. C. Lemonnier, complètent cette année la collection Hetzel, sans rien dire des quatre

  1. Hetzel.