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arrêt. En 1879 on n’était déjà plus qu’à 34,7, en 1880 à 34,2 ; cinq ans plus tard, en 1884, à 33,3 ; six ans plus tard, en 1889, à 30,5[1].

Dans le reste du royaume-uni le même phénomène s’est produit. En Écosse, en 1878, la proportion des naissances était de 34,3 pour 1,000 personnes vivantes. Elle est tombée en 1888 à 30,5. En Irlande elle est tombée de 32,1 en 1878 à 22,9 en 1888. Pour l’ensemble du royaume-uni, elle était de 33,3 en 1879, dix ans plus tard, elle est de 29,6.

Ainsi le mouvement de chute est continu. Dans le résumé du rapport on lit chaque année : « Cette proportion est la plus basse que nous ayons vue depuis 1837. » La phrase est d’usage maintenant, le compositeur pourrait l’avoir toute préparée dans son casier.

Le phénomène étant bien constaté, il est intéressant de savoir quelle cause le produit.

Les maladies et la misère ont-elles affaibli la race, la moralité est-elle moins grande ? L’Anglais, obligé de peiner plus rudement pour se nourrir, épuisé par une diathèse héréditaire, est-il obligé de garder pour vivre lui-même les forces qu’il consacrait auparavant à perpétuer sa famille ? En d’autres termes, est-ce l’animal reproducteur qui a dégénéré ? A l’examen cela paraît impossible. La moralité semble avoir gagné, puisque, pour mille naissances, la proportion des naissances d’enfans naturels a baissé de moitié depuis quarante ans. L’instruction s’est répandue. En 1840, 754 personnes avaient déclaré sur les registres de mariage d’Angleterre et Galles ne pas savoir signer. En 1889, on ne retrouve que 168 fois cette mention. Il n’y a pas eu de guerre atteignant directement et douloureusement la nation, la fortune publique a augmenté, le prix des subsistances a diminué. Si l’on répartit par tête le total des comptes liquidés au Clearing-home de 1870 à 1879, on trouve un chiffre de 218 livres sterling. Entre 1880 et 1889 cette moyenne s’élève à 226 livres. Le quarter de grain, dont le prix moyen était de 51 shillings pendant la première de ces périodes, est tombé dans la seconde à 36 shillings. Ainsi le bien-être général s’est accru de toute façon et la meilleure preuve en est encore dans l’abaissement de la mortalité : la proportion des décès pour 1,000 personnes a baissé de 22,4 pour la période 1841-1850 à 18,8. On a déjà remarqué que les victoires sur la mortalité

  1. Voici d’ailleurs les chiffres complets pour cette période : 1880, 34,2 pour 1000 ; 1881, 33,9 ; 1882, 33,7 ; 1883, 33,3 ; 1884, 33,3 ; 1885, 32,5 ; 1886, 32,4 ; 1887, 31,4 ; 1888, 30,6 ; 1889, 30,5.