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Chose digne de remarque et qui montre à quel point nos voisins ont le sens des nécessités de gouvernementales militaires dont on diminuait l’importance non-seulement tombèrent d’accord de l’utilité de cette création, mais en prirent l’initiative « A moins, écrivait le général Roberts (6 février 1887), qu’on n’organise en Birmanie une police solide, la pacification désirable de ce pays est encore loin de nous. » Et un autre document constate que les autorités civiles et militaires convinrent en même temps que « le moment était venu où la police devait graduellement occuper de nombreux postes en Haute-Birmanie et prendre charge du pays. »

Cette police devait être de deux sortes : une police civile que l’on mettrait aux ordres de fonctionnaires indigènes pour assurer la sécurité de la région où ils commandent, — ce qui n’alla pas sans quelques difficultés du fait de certains officiers ; — et une police militaire fortement encadrée par des Européens, dont la mission serait d’occuper les postes de l’intérieur, d’empêcher la concentration des dacoits, en un mot de nettoyer le pays. L’une et l’autre, on les recruta pour la plus grande partie dans l’Inde parmi certaines tribus d’humeur guerrière[1], et pour le reste, après bien des hésitations, parmi les Birmans, malgré la défiance où l’on tenait et leur intégrité et leur solidité. En 1887, on estimait qu’il en faudrait environ 16,000 ; mais on n’en eut d’abord que 9,000 et un peu plus tard 11,000 ; en 1888, à la fin de l’année, on avait dépassé l’effectif prévu ; on en avait 20,000, et le général Stedman, qui les commandait en Haute-Birmanie, écrivait qu’il n’en avait pas encore assez. Si bien qu’en 1889 la police comptait 35,000 hommes : 15,000 hommes de police civile et 20,000 de police militaire. Ensemble, ils occupaient au-delà de 600 postes. Aujourd’hui, la police civile, encore assez mal organisée d’ailleurs, ne compte pas plus de 6 à 7,000 hommes, la police militaire n’en compte pas plus de 16,000 ; elle occupait dans l’intérieur, en 1888, 175 postes, en 1889, 192 ; au début de 1890, 173. Détail à noter : elle a à sa tête un simple capitaine, le capitaine Peile, qui, du temps du général Stedman, était déjà sous-inspecteur.

Si l’on voulait non pas être complet, mais dire l’indispensable sur les mesures d’ordre militaire tentées dans l’intérêt de la pacification, il faudrait décrire les essais de colonies militaires chargées de contenir les indigènes et de mettre en valeur les districts qu’elles occuperaient. Il faudrait parler encore de la grande

  1. Au cours de l’année 1891, il avait été question de la recruter presque uniquement parmi les tribus birmanes : Karens, Shans, etc. Mais le chief commissioner, sir A. Mackensie, démontra les inconvéniens et même le très grand danger que présentait cette mesure : danger pour la sécurité de la province ; inconvéniens, à cause d’événemens possibles au Siam ; et, grâce à ces deux argumens, la fit ajourner.