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obligés de payer un déport qui s’est élevé, à Berlin et à Paris, à 2 francs par 3 francs de rente.

Le parlement italien a repris ses séances. L’exposé financier que doit faire M. Luzzatti, le mardi 1er décembre, ne saurait manquer de présenter un grand intérêt après le discours, si plein de promesses, de M. di Rudini. L’équilibre doit être obtenu, pour l’exercice 1893, au moyen de très fortes réductions de dépenses et de quelques remaniemens de taxes. Dès la première séance de la chambre, des projets de loi établissant pour 15 millions de surtaxes aux impôts existans ont été présentés. Le change a atteint 3 pour 100 et se tient à 2 1/2 pour 100 environ.

M. Camacho a pris le gouvernement de la Banque d’Espagne. Son premier soin sera de négocier, soit une avance, soit une acquisition de 20 à 30 millions d’or pour le renforcement de l’encaisse métallique. Il devra aussi élever le taux des avances sur titres, et négocier une réduction du portefeuille de la Banque en fonds d’États. Le gouvernement, d’autre part, s’efforcera de réaliser de sérieuses économies ; on lui prête l’intention d’émettre en décembre un emprunt intérieur de 250 millions en rente amortissable 4 pour 100. Tout est encore en projet, et le change se maintient à 13.75 pour 100.

L’agio de l’or est à 26 pour 100 dans le Portugal. Le gouvernement de Lisbonne a déjà fait annoncer que le prochain coupon de la rente 3 pour 100 du Portugal serait intégralement payé ; il n’est que trop à craindre que ce résultat ne soit dû à de simples expédiens.

Le Hongrois 4 pour 100, aussi longtemps que la situation générale reste pacifique, n’a aucune raison de baisser. Les budgets de l’Autriche et de la Hongrie sont solidement établis, des conversions de divers fonds 5 pour 100 seront effectuées lorsque l’état des marchés le permettra, et le gouvernement pourra songer ensuite au règlement de la valuta, c’est-à-dire au rétablissement du régime des paiemens en espèces.

Les titres de nos établissemens de crédit ont subi les mêmes vicissitudes que les fonds étrangers. Le Crédit foncier, après avoir reculé à 1,155, s’est relevé à 1,215, la Banque de Paris est de nouveau à 700, puis 690, après 660, le Crédit lyonnais à 770 après 750. Les ventes, soit du portefeuille, soit de la spéculation, sont motivées par la crainte que ces établissemens n’aient trop de fonds immobilisés dans des placemens espagnols, portugais, brésiliens. L’appréciation est exagérée, au moins pour les plus importans de nos établissemens.

Le Comptoir national d’escompte a été, plus que tous les autres, l’objet de soupçons de ce genre, et des offres l’ont fait reculer un jour à 490. Il a repris ensuite à 520, et c’est à ce niveau qu’il se négocie depuis plusieurs jours. D’après le bilan publié il y a peu de jours, les intérêts du Comptoir national dans les affaires portugaises ne dépasseraient pas, participation et avances, 2,700,000 francs.