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tionné avec beaucoup de régularité ; celui de la santé a fait l’expérience d’une baraque démontable en carton qui doit servir d’annexe mobile aux hôpitaux de campagne et qui paraît fort ingénieusement conçue.

Reste le service des chemins de fer. On a beaucoup vanté la rapidité et l’ordre avec lesquels la Compagnie de l’Est a procédé, dans les journées du 18 et du 19 septembre, aux transports de dislocation des armées, et il est certain que l’opération a été fort bien conduite. Embarquer, dans une période qui n’a pas excédé vingt heures, et transporter dans vingt directions différentes plus de 80,000 hommes, 2,000 chevaux et 100 voitures n’était pas chose aisée au moment où le voyage du président de la république amenait sur le réseau de l’Est plus de 100,000 voyageurs civils. Pendant qu’il fallait assurer à ceux-ci, du 16 au 20 septembre, près de soixante-dix trains supplémentaires en plus du service ordinaire, l’opération militaire réclamait à elle seule 4,000 voitures de wagons, 100 trains spéciaux de matériel vide et 88 trains de troupes. Cette énorme besogne a été exécutée cependant avec la plus grande ponctualité, sans un à-coup ; les embarquements, répartis dans sept gares, se sont poursuivis avec une régularité mathématique et sans encombre ; la marche des trains militaires n’a souffert aucun retard et n’a été dérangée par aucun accident. L’ordre a été tel qu’il a été inutile de recourir à aucun des moyens de secours ou de réserve que la Compagnie de l’Est s’était ménagés pour parer aux éventualités. Mais, ceci dit et constaté au plus grand honneur de la Compagnie, il n’en demeure pas moins que l’expérience décisive des services militaires des chemins de fer n’a pas été mieux faite que celle de l’intendance elle-même.

La dislocation d’une ou de deux armées, alors même qu’elle a été préparée de longue date, reste une opération assurément fort compliquée ; mais la véritable opération de guerre, c’est celle de la mobilisation à brève échéance, presque subite, et c’est précisément l’experience qui n’a point été tentée. On affirme et l’on peut croire qu’elle n’eût pas moins bien réussi que celle de la dislocation et qu’elle se serait même heurtée à de moindres diflicultés pratiques. Il fallait la tenter cependant, et, tant qu’elle n’aura pas été essayée dans les conditions mêmes d’une déclaration de guerre éclatant comme un coup de foudre dans un ciel serein, le scepticisme restera le commencement de la sagesse.


IV.


Tels sont ou tels, du moins, nous ont apparu, non pas assurément dans leur détail, mais dans leurs grandes lignes, les ensei-