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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre.

Entre l’heure où nos chambres françaises se séparaient il y a près de quatre mois et l’heure encore toute récente où elles viennent de se réunir pour achever l’étape parlementaire de l’année, il y a eu assurément de l’imprévu, un heureux imprévu.

Au mois de juillet la session qui allait s’interrompre ne laissait point d’avoir eu quelques journées pénibles pour M. le président du conseil, pour M. le ministre des affaires étrangères, presque ébranlés l’un et l’autre dans leur pouvoir, — et si tout avait bien fini pour le moment, il restait plus d’un doute pour un avenir prochain. Les mauvais prophètes ne se faisaient pas faute de pronostics ironiques sur la durée du ministère, — au retour des chambres ! Aujourd’hui les chambres sont rentrées sans bruit ; elles ont repris leurs travaux, la discussion du budget, sans ombre de crise. Les nuages ont semblé dissipés ! c’est que dans l’intervalle il s’est passé des faits qui ont été à l’honneur de la France et un peu aussi à l’avantage du gouvernement, — qui ont, si on nous passe le mot, remis en selle M. le président du conseil, M. le ministre des affaires étrangères. Il y a eu Cronstadt, Portsmouth, les manœuvres de l’Est, tous ces faits qui, avec l’immense désir d’apaisement manifesté par le pays, caractérisent une situation nouvelle. Il y a enfin le succès qui fait sentir son influence ! Ce serait cependant une illusion bien singulière de croire qu’il n’y a plus qu’à se complaire dans un optimisme infatué, à se prévaloir de la bonne fortune des derniers événemens pour recommencer ou continuer la politique de l’imprévoyance, des divisions intérieures et des excès de parti. Ce serait une grave méprise d’oublier qu’on ne peut conserver et agrandir les avantages qu’on a retrouvés qu’en étant un vrai gouvernement, et qu’on n’est un gouvernement qu’en assurant l’ordre dans les finances, la paix dans la vie intérieure du pays, en donnant une direction au lieu